pûmes rien apprendre de ces pauvres gens.
Quand je leur adressai la pa ro le, ils tombèrent
à genoux , et à toutes mes questions
ils ne "répondirent que par ee monosyllabe
qu’ilsprononçoient en sifflant : « Quèf que! )>
— Nous employâmes vainement les bonnes
façons pour leur faire dire autre chose. Bon
dieu! me disois-je! à quel moyen extraordinaire
faudra-t-il donc recourir pour obtenir
une explication de ce peuple singulier.
L e lendemain matin, nous découvrîmes
un gros navire japonois venant de la mer, et
faisant route pour la baie. Je chargeai encore
M. Roudakoff d’aller à sa rencontre, lu i recommandant
expressément de ne pas faire
usage des armes, de ne s’emparer- de ce bâtiment
qu’en inspirant de la frayeur à ceux
q u i le montoient,. et de m’amener celui qui
le conduisoit. Quelque temps après, nous
aperçûmes que nos gens s’étoient rendus maîtres
de ce navire sans beaucoup de résistance,
et qu’ils le conduisoient à la remorque vers
la corvette. Bientôt M. Filatoff v in t me faire
le rapport suivant: ce Nos canots,en s’approchant
du bâtiment japonois , aperçurent à
bord beaucoup de gens armés; comme au
signal qu’on lu i fit il n’amenoit pas ses voiles,
ïious fumes obligés de tirer quelques conps
en l ’air. Aussitôt les Japonois amenèrent les
voiles ; se trouvant près du rivage, quelques-
uns se jettèrent à l ’eau pour se sauver à la
nage. Ceux qui tombèrent le plus près de
nos canots furent re cu e illis, les antres gagnèrent
la terre ou se noyèrent. Il y avo it
en tout soixante hommes à bord du navire.»
Un instant après on fit monter le propriétaire
de ee bâtiment à bord de la corvette.
La richesse et la couleur jaune de son
vêtement , le sabre qu’il p o r to it, d’autres
marques encore, prouvoient que e’étoit un
personnage de conséquence. Je le pris aussitôt
par la m a in , et je le menai dans la ehambre.
Il me salua à la manière de son pays, avec
beaucoup de soumission. Je l ’engageai à n e
rien eraindre ; il s’assit tranquillement su r
une chaise. Je lu i fis des questions, en me
servant des expressions que Léonsaïmo m’a -
vo it enseignées^ Il m’apprit qu’il s’appeloit
Tacataï-Caki, et que sa qualité étoit celle de
sindofnamotsch, ou capitaine et propriétaire
de plusieurs navires; ajoutant qu’il en avoit
dix. Il venoit d’ïtourou p avec son b â tim en t,
etalloitàChakodade, port de l ’île de Matsmaï.
Sa cargaison consistait en poissons secs. Les