( 4o8 ),
se perdoient dans le vacarme ; ils se voyoient
donc obligés de faire usage de leurs baguettes
de fer qu’ils ont coutume de porter à leur
ce in tu re , attachées à de longs cordons de
soie. Ils n’épargnoient ni le rang ni le sexe;
l ’age seul , qui obtient ici des égards dans tous
les rangs, étoit ménagé. A in si quiconque
essayoit d’enfreindre la défense, étoit frappé
sans miséricorde, ce qui nous débarrassa d’un
tracas terrible; car si tout ce monde fut venu
à notre bord, il nous eût à peine resté assez
de place pour notre manoeuvre. Il eût fa llu
employer la force pour nous délivrer de ces
importuns; et, dans la situation actuelle des
affai res q u i commençoient à prendre une
tournure si heureuse, nous n’eussions re couru
à ce moyen qu’avec bien de la répugnance.
Réprimée par la garde, la multitude
étoit obligée de se tenir dans le s limites qui
lu i étoient fix é e s ; aucun canot n’osoit les
franchir. Us couvroient une vaste portion de
la baie; e t, quand les plus avancés avoient
satisfait leur cu r io s ité , ils quittoient leur
place, qui étoit aussitôt occupée.par d’autres.
A la nuit tous retournèrent à terre; les seuls
canots expédiés par le gouvernement à la
corvette pouvoient alors s’en approcher ; mais.
il falloit que préalablement ils se fissent r e -
connoître par le vaisseau de garde.
Le lendemain matin nous vîmes un canot,
portant pavillon b lanc , sortir de la ville. Je
dois dire, en passant, que la corvette avoit
constamment le pavillon blanc flottant au
mât de misaine, avec le pavillon des bâti-
mens de guerre. Tacatai-Caki et le matelot
qui nous avoit servi de pilote vinrent ab o rd ;
ils nous apportoient un présent de poisson ,
d’herbes potagères et de melons d eau. L e
matelot étoit chargé d’un paquet dans lequel
j ’aperçus un vêtement. Caki me demanda
la permission d’aller s’habiller dans son ancienne
chambre, ajoutant que le gouverneur
de Matsmaï, satisfait des services qu’il avoit
rendus à K ouna schir, l ’avoit nommé négociateur
dans cette occasion importante, et. lu i
a v o it, en conséquence, d’après les lois japo-
noises, accordé des privilèges : « O r , conti-
« n u a - t - il, pour remplir le devoir flatteur
<c qui m’est imposé, je dois paroître, au x n é -
« gociations, revêtu du costume decérémo--
a nié particulier à mes fonctions. » 11 alla
s’habiller; de mon cô té, je mis mon grand
uniforme, et je ceignis mon épée. Après des
coin pli mens et des félicitations, Caki m an