( m )
japonois que je devois transmettre aux autorités
compétentes, à mon arrivée en Russie.
Enfin nous fûmes régalés à la manière du
pays.
Nous fîmes encore une fois les remercî-
mens les plus sincères aux Japonois, et à
d eu x heures nous nous embarquâmes, accompagnés
de notre ami Caki et d’une multitude
innombrable de canots remplis de cur
ie u x des deux sexes. Le vent étoit contraire
et souffloit avec force ; mais tous ces canots
n ’y prirent pas garde. La Diane étoit complètement
pavoisée, les vergues’ et les haubans
couverts de matelots, qui nous atten-
doient pournous saluer d’unhourrah général.
Lorsque leu r capitaine bien aimé, dont ils
étoient séparés depuis deux ans et trois mois,
monta à bord , l ’enthousiasme fu t au comble.
Plusieurs pleuroient à chaudes larmes. Cette
0 scène qui fait tant d’honneur à l ’équipage de
la corvette, sera éternellement gravée dans ma
mémoire. M. Golovnin et ses compagnons d’in fo
r tu n e , profondément émus, s’avancèrent,
vers l ’image de Saint-Nicolas, ce grand thaumaturge
et patron du bâtiment, et rendirent
grâces à Dieu.
Bientôt après, des canots nous apportèrent de
Peau et du bois en quantité; mille grosses
raves , cinquante caisses d’orge mondée ,
trente caisses de sel, et toutes sortes de provisions
que nous n’avions pas demandées;
ayant dit que nous n’avions pas besoin de
tout cela;, qn nous répondit que l’on avo it
reçu ordre de pourvoir de v iv r e s , pour la
traversée jusqu’au Kamtschatka, les prisonniers
mis en lib e r té , et que le seul moyen
d’éviter des discussions étoit dé tout prendre.
Un grand nombre de Japonois, à qui les d o -
sinis n’ interdisoient plus, l ’approche de notre
corvette, aidèrent nos gens avec tant d’ardeur,
qu’il étoit difficile de décider ce que l ’on d e -
vo it le plus admireroudenos matelots qui tra-
vailloient avec un plaisir in o u i, ou des Japonois
qui leur prêtoient si volontiers leu r secours.
On les eût pris pour des hommes de
la même nation , et personne n’eût p u deviner
que leurs patries respectives étoîent séparées
par la demi-circonférence du globe terrestre.
L a politesse, la gaieté, la plaisanterie,la complaisance
anirooient tout le monde. On se
régala mutuellement d’eau-de-vie et de saki ;
ce fu t une journée de fatigue qui eut cependant
l ’air d’un jour de fête.
Quelques fonctionnaires publics japonoisy