homme m’avoua qu’il avoit souhaité rester à
terre et qu’il avoit prié le commandant, les
larmes aux y eu x , de lu i accorder au moins
une nuit; celui-ci avoit rejeté sa demande
avec colère. Nous conclûmes de ce récit que
notre premier messager n’avoit pas été mieux
accueilli, et q u e , de crainte d’éprouver, de
notre part, une mauvaise réception s’il ne
nous apportoit aucune nouvelle de nos compatriotes,
il s’étoit caché dans les montagnes,
ou bien s’en étoit allé dans un autre endroit
de l ’île.
Je voulois faire ma provision d’eau dans
un jou r ; c’est pourquoi j’envoyai, à quatre
heures après midi, mesautres barriques vides
à terre. Les Japonois qui épioient tous nos
mouvemens, commencèrent à t i r e r a toute
volée lorsque nos canots étoient déjà le long
du rivage. Afin d’éviter tout prétexte d’hostilité
s, je leur fis aussitôt signal de revenir.
Quand les Japonois virent cette manoeuvre,
ils cessèrent de tirer. Durant les sept jours
que nous passâmes dans la baie de la Trahison,
nous ne reconnûmes que trop clairement
q u ’ils avoient pour nous la défiance la plus
décidée, et que le commandant, soit de son
propre mouvement, soit par ordre de son
( 3 ig- )
gouvernement, refusoit absolument d’avoir
aucune communication avec nous. Comment
donc nous y prendre pour obtenir quelque
lumière sur le sort de nos compagnons? Nous
nous rappelâmes que l ’année dernière nous
avions porté dans un village abandonné les
effets de ces infortunés, et nous voulûmes
savoir s’ils en avoient été enlevés. J’ordonnai
donc à M. Filatoff, commandant du brig, de
mettre à la voile et d’aller avec des gens armés
fouiller le village. Le brig ne fut pas plus tôt
le long de terre, que les batteries se mirent à
tirer, mais ce fut sans effet à cause du grand
éloignement. A son retour, M. F ilato ff me
dit q u’il n’avoit rien trouvé dans la maison
où les effets avoient été déposés. Cette c ir constance
nous sembla d’un bon augure, et
l ’idée que nos compagnons vivo ien t encore
nous fit un bien grand plaisir.
Le lendemain, je renvoyai le Japonois à
terre pour exposer au commandant les motifs
qui avoient fait débarquer le brig. J’ajoutai
à ce message une courte lettre en japonois
que j’eus beaucoup de peine à engager Léonsaïmo
à écrire. Je priois le commandant de
vou lo ir bien ven ir conférer avec moi; mon
dessein étoit aussi d’expliquer les raisons du