disoient-ils, il leur eût raconté ce qu’il avoit
v u par lui-même, ou appris des Russes, ses
récits pourroient mériter quelque attention;
mais tout ce qu’il rapportoit venoit de Japo-
nois qui avoient abjuré leür foi et leur patrie,
et au x assertions desquels le gouvernement
ne pouvoitsefie r. Les gouverneurs questionnèrent
beaucoup Gorodsi sur l ’état de la partie
de la Sibérie qu’il avoit traversée. Il en fit un tableau
pitoyable; il traita leshabitans d O cliûtsk
de mendians ; il compara, pour le nombré,
toute la population du pays compris entre
Irkoutsk et O cho tsk, à celle d’une petite v ille
du Japon, etc.; en un m o t, il exagéra to u t,
et dépeignit les choses bien pires qu’elles ne
le sont réellement. Dans son exposé de notre
commerce avec la C h in e , il accusa nos corn--
merçans de mauvaise fo i, en disculpa les Chin
o is , et assura que le gouvernement de ce
pays avoit plusieurs fois vou lu rompre entièrement
ces rela tion s, mais que la Russie
avoit supplié de les continuer, promettant de
punir les coupables, et n’avoit pas tenu parole.
Tou s ces détails venoient des Japonois
q u i demeurent à Irkoutsk.
A u reste, les questions et les réponses
avoient été si nombreuses, que T eské ne pouvo
it se les rappeler toutes, ou peut-être qu’il
ne vouloit pas nous les communiquer. Voie;
encore une particularité que Léonsaïmo raconta
dans son interrogatoire et dont je me
souviens: Durant son séjour à Ochotsk, il
aperçut, u n jour, dans un magasin de la compagnie,
un tas de cartes et de livres japonois,
jetés dans un c o in , et qui avoient été apportés
par Chvostoff. Les employés de la compagnie
s’occupoient bien moins de ces objets que du
riz. En parcourant ces liv r e s , il en trou va
qui contenoient des notices sur le Japon;
comme il pensa que cette matière ne devoit
pas venir à la connoissance des Russes, il
demanda ces ouvrages pour les lir e , et les
porta chez lu i où. il les brûla. Il emporta secrètement
du magasin les cartes l ’une après
l ’autre, et les liv ra aussi au x flammes. Quand
ensuite il vint à Irkoutsk , i l raconta cet événement
à un Japonois , qui avoit embrassé la
religion ru s se , et chez lequel il logeoit. C e lui-
ci lu i répliqua qu’il s’étoit donné une peine
in u t ile , ajoutant qu’il avoit lui-même apporté
au x Russes beaucoup de cartes et d é liv
r é s dont il leur avoit donné l’explication.
Léonsaïmo l’ayant blâmé de cette conduite,
l ’autre répondit qu’il avoit cessé d’être Jap>>-*