« Le capitaine Golovnin et le reste de vos
« compatriotes ne tarderont pas à vous re-
« joindre à bord de votre corvette. Nos lois
cc s’opposent à ce que vous leu r parliez acte
tuellement. Ils sont tous en bonne santé. »
L ’académicien et un autre Japonois vinrent
aussi nous faire leurs complimens de félicitation,
ainsi que notre brave ami Tacataï-
C a k i, que j’avois aperçu se tenant debout
à une extrémité de la salle durant toute la
cérémonie. On nous s e r v i t , dans de la vaisselle
de la q u e , du thé et toutes sortes de
friandises. Par distinction, j’avois auprès de
moi un employé d’un grade inférieur qui
recevoit tout ce qui m’étoit destiné, et me le
présentait. Après être restés là deux h eu r e s ,
nous sortîmes et retournâmes avec Caki à
bord de la Diane. J’avois recommandé à
M. F ilatoff, aussitôt que nous nous rembarquerions,
de pavoiser la corvette avec tous
les pavillons, mais de ne pas tirer, parce que
je savois que cette dernière partie de nos
signes de réjouissance n’est pas du goût des
Japonois. Ils disent que les européens ont
une coutume bien bizarre, qui e s t de témoigner
leur respect à quelqu’un par des coups
de canon, instrument destiné à donner la
mort. Cependant, chez eux, le prince de San-
daïsk est salué par des salves d’artillerie
chaque fois qu’il sort de son territoire ou
qu’il y rentre. La vu e des nombreux pavillons
et des flammes qui flottoient de tous
côtés sur la corvette, fit le plus grand plaisir
au x spectateurs japonois réunis sur les canots
qui couvroient la rade. A insi se te rmina, à
la satisfaction mutuelle des deux partis, notre
première entrevue ave c les autorités japo-
noises; en cette occasion, le pavillon impérial
russe, qui flottoit pour la première fois
sur le sol du peuple fier avec lequel un peuple
étranger n é go c io it, reçut les honneurs
qui lui étoient dus. La garde qui m’accom-
pagnoit, composée d’hommes choisis sur tout
mon équipage , avoit juré qu’en cas de trahison
elle defendroit son pavillon sacré au
péril de la vie.
Nous devons reconnoître, avec le sentiment
de la plus v iv e gratitude, que Tacataï-Caki,
par ses lumière s, son intelligence, et la noblesse
de son caractère, nous rendit les plus
grands services dans cette circonstance. D eu x
jours entiers se passèrent sans que les deu x
grands magistrats me fissent rien parvenir;
mais Caki v in t nous vo ir deux fois par jour ,