avoit répondu Léonsaïmo, «mais l ’on m’a
« envoyé ici pour m’informer de vous du sort
« de Golovnin et des autres prisonniers. »
Flottant entre la crainte et l’espérance, nous
attendions la réponse du commandant ; mais
Léonsaïmo se m it à me demander si je le maltraiterais
dans le cas où il me dirait la vérité.
Quand je l ’eus parfaitement rassuré sur ce
point, il prononça ces paroles terribles: « Ils
« sont tous morts.» Cette nouvelle nous plongea
tous dans la douleur la plus profonde, et
nous ne pouvions plus regarder tranquillement
le rivage sur lequel le sang de nos amis
avoit coulé. Mes supérieurs ne m’avoient pas
prescrit ce q uejedevois faire dans un cas semblable;
je pensai donc que j ’étois autorisé à
employer toutes nos forces pour tirer vengeance
des assassins, bien convaincu de 1 intention
de notre gouvernement de ne pas
laisser le crime des Japonois impuni. Mais,
pour en v en ir à cette extrémité, j a vois besoin
d’un témoignage plus authentique que la
simple parole de Léonsaïmo. Je lu i dis en
conséquence d’aller encore une fois à terre,
et de demander au commandant une attestation
par écrit de ce qu’il v en o it de me
dire. Je lu i promis en même temps, ainsi/
qu’aux autres Japonois, de les mettre en l i berté,
dans le cas où nous déciderions à agir
hostilement. Cependant je donnai ordre aUx
deux bâtimens de se tenir prêts à attaquer
le fort japonois.
Léonsaïmo voul ut retourner à terre ce jou r
même; il partit et ne revint pas. Le len d e main
, il ne se montra pas davantage; il nous
sembla qu’il serait peu sûr de l’attendre plus
lo n g -tem p s . Cependant son absence nous
faisoit encore douter de l ’affreuse n ou v e lle ;
c’est pourquoi je me déterminai à ne pas
sortir de la baie jusqu’à ce que j’eusse pu
m’emparer d’un Japonois ou d’un navire, par
qui je pusse apprendre la vérité.
Dans la matinée du 6 septembre, nous
aperçûmes un baïdar japonois; je dépêchai
aussitôt à sa poursuite lé lieutenant R o u -
dakoff avec deux canots, et je mis sous ses
ordres deux autres officiers, MM. Sredmégo
et Savelieff, qui s’étoient offerts volontairement
pour cette exp éd ition .,N otre détachement
eut bientôt atteint le baïdar, et l ’enleva
tout près du rivage. Les Hommes qui le mon-
toient s’enfuirent. M. Savelieff ne ramena que
deux Japonois et un K ou rile v e lu qu’il avoit
découverts dans les broussailles; nous ne