pièce clans la déclaration qne le gouverneur
remettroit à cet officier; troisièmement, les
choses s’étant certainement passées comme le
commandant d’Ochotsk l ’exposoit dans sa
le ttre , le gouverneur de Mats mai ne pouvoit
pas répondre au gouverneur d’Irkoutsk, parce
que ce dernier ne connoissoit pas plusieurs
circonstances relatives à Chvostoff, et qu’i l
n ’étoit pas instruit non plus dé l ’intention du
gouvernement japonois de s’entendre avec la
Russie à ce sujet; quatrièmement, lés Japonais
prioientM.Ricord d’écrire une lettre aux
d eu x premiers guinmiyagous pour, certifier
que le gouverneur d’Irkoutsk, quand il avoit
écrit sa lettre au gouverneur de Matsmaï,ne
sa vo itr ien des pièces laissées par Chvostoff,ni
de la déposition mensongère des Kouriles; cinquièmement
en fin , M. Ricord répondroit à la
déclaration du gouverneur de Matsmaï, dont
i l lu i seroit remis une copie dans notre entr
e v u e , qu’il avoit parfaitement compris la
traduction russe de cette pièce , et qu’il en
donnerait connoissance au gouvernement aussitôt
après son retour en Russie.
Le 5 octobre fu t le jour fixé pour mon entrevue
avec M. Ricord. Les Japonois proposèrent
aussi à M. Moor d’y assister; à notre
surprise, il s’en excusa. M. Chlebnikoff dési-
ïo it jouir du plaisir de revoir ses compatriotes
et ses compagnons ; les Japonois ne le voulurent
p a s permettre, prétextant que M. Moor, avec
sa tête dérangée, ne pouvoitpas etre laisse seul
et sans quelqu’un pour causer avec lu i.
Le matin du jour fix é , un interprete m apporta
mon chapeau, un autre mon sabre,
qu’ils me présentèrent de la manière la plus
respectueuse, en nous félicitant avec la joie
la plus sincère. Il fallut que je me v e tis se ,
suivant le désir des Japonois, de 1 habit court
et des pantalons de soie que l ’on m avoit faits à
Chakodade à cette occasion. L e sabre et le
chapeau à trois cornes devoient rendre l ’ensemble
de ma mise asse? étrange aux y e u x d un
européen,mais cela étoit indifférent au x Japonois;
et comme la restitution de mes armes prou-
v o it qu’ils ne nous regardoient plus commç
des prisonniers, je me rendis volontiers à
leurs désirs, et je me décidai a paraître devant
mon compatriote, rev etu d un costume sous
leq u e l i l auroit de la peine à me reconnoître.
Mes ch e v eu x étòient taillés en rond a la cosaque;
et si je n’eusse p a s , peu de temps auparavant
, coupé ma barbe, j’eusse, au to ta l,
fait une drôle de figure.