délivra le certificat demandé par le gouvernement
japonois, ainsi qu’ une lettre confiden-4-
tielle et amicale du gouverneur d’Irkoutsk
au bounio de Matsmaï, dans laquelle l’affaire
étoit traitée à fond. Kisselefif, l ’interprète ja -
ponoîs, envoyé d’Irkoutsk exprès pour nous,
s’embarqua. Nous restâmes dix-lmit jours à
Ochotsk, à nous approvisionner de tout ce
dont nous avions besoin, et à réparer la corv
e tte qui avoit éprouvé des avaries considérables.
Le n août, nous étions prêts à partir
pour notre troisième voyage au Japon, pleins
d’espérance qu’avec l ’aide de Dieu nous réussirions
à terminer la bonne oeuvre que nous
avions commencée. Nous célébrâmes préalablement
un service solennel, accompagné de
la bénédiction de l’eau et d’une salve de toute
notre a rtille rie , à l’honneur de notre souverain.
Ce prince bienfaisant et magnanime,
occupé alors des affaires les plus importantes
de l’E urope, n’avoit cependant pas oublié un
petit nombre de ses sujets plongés dans l’infortune
: il avoit ordonné q u e , dans le port
d’Ochotsk, éloigné de 10,000 versfes de la
cap ita le , on préparât une expédition pour
effectuer la délivrance du capitaine Golovnin.
A u nombre des personnes qui vinrent nous
Voir ce jour-là, se trouvèrent comme précurseurs
du succès de notre entreprise, M. Minit-
sky,commandant du port,et son aimable épouse
Eugénie Nicolanovna. L ’intérêt qu’elle pre-
noit à notre so r t, lu i avoit inspiré la hardiesse
de ne pas redouter le mouvement de la mer
constamment agitée sur cette rade ouverte,
où, un an auparavant, à la même époque,
son mari avoit été près de périr , en allant à
bord d’ün bâtiment. Elle fu t la première et
dernière dame russe qui honora la Diane de
sa visite; ainsi elle a des droits à notre re -
connoissance solennelle, et je saisis celte occasion
de la lu i témoigner bien cordialement
au nom de mes officiers et au mien. Durant
le service d iv in , la corvette roùloit avec tant
de vio lence , qu’à l’exception de notre jeune
h é ro ïn e , toutes les personnes venues de te rre
pour nous vo ir éprouvèrent le mal de mer.
Madame Minitsky joignit ses prières ferventes
aux nôtres pour la délivrance de nos compagnons.