tendre à Irkoutsk la décision de la capitale.
M, Teskin prit aussi la plus grande part au
malheur de M. G o lo vn in , et s’occupa avec
moi à tracer le plan de l’expédition, que nous
dépêchâmes sans délai à M. Pestel, gouverneur
général, pour qu’il l ’examinât. Mais, dans
l ’état critique où se trouvoient les affaires
politiques, le monarque ne put donner son
approbation, et je reçus l’ordre de retourner
à Ochotsk, de compléter les reconnoissances
qui n’étoient pas encore terminées, et d’aller
à Kounaschir prendre des renseignemens su r
le sort de nos compagnons.
Pendant l’hiver, le japonois Léonsaïmo
que le lecteur connolt déjà par la relation de
M. G o lo vn in , fut amené à Irkoutsk par l’ordre
exprès du gouverneur civil , et y fut très-bien
reçu. On prit toutes les peines possibles pour
le convaincre des intentions amicales de notre
gouvernement envers le Japon ; comme il en-
tendoit assez bien le russe, il parut persuadé
de ce qu’on lu i disoit. Il nous assura.que tous
lesRusses qui se trouvoient au Japon étoient
encore en vie et que leu r affaire se termine-
ro it tranquillement.'Je retournai à Ochotsk
avec ce Japonois ; nous ne voyageâmes pourtant
pas à cheval. J’allai très-commodément
en traîneau sur la surface gelée de la Léna
jusqu’à Iakoutsk, d’où nous partîmes dans
les derniers jours de mars. A celte époque, le
printemps se fait déjà sentir dans les pays favorisés
de la nature; mais, dans les régions où
nous nous trouvions alors, l ’h iv e r régnoit
encore avec tant de rigueur, que les m orceaux
de glace, dont les pauvres se servent au lieu
de carreaux de vitre, n’a voient pas encore é lé
changés contre le talc, comme cela arrive à
l ’époque des dégels. La route jusqu’à Ochotsk,
entièrement couverte de neige, étoit impraticable
pour les chevaux. Nous n’avions, mon
Japonois n i moi, la patience d’attendre qu’ëile
fû t fondue; nous enfourchâmes donc des
rennes appartenantes à de braves Tongouses
qui furent nos guides. Je dois rendre cette ju s tice
au plus beau et au plus utile des animaux
destinés au service de l ’homme des zones gla^
ciales, c’est qu’il offre une monture bien plus
commode que le ch ev al; en e ffet, son pas est
toujours égal, il ne secoue pas du tout, et il est
si doux que si l’on vient à tomber, il reste
comme cloué à la même place. C’est ce que
nous éprouvâmes fréquemment le premier
jour, accident qui fût occasionné, parce q u e lea
selles dont on fait usage sont petites, incom