aucun de ces deux partis, sans l ’autorisation
de son gouvernement , il étoit au moins
en état d’indiquer dans quel port et à quelle
époque la corVette devroit aller chercher une
réponse. Le gouverneur d’Irkoutsk parloit
des présens, consistant en une montre d’or
et une pièce de casimir rouge, qu’il prioit le
bounio d’accepter, comme témoignages d’amitié
et de bon voisinage; il disoit que
M. Ricord étoit porteur d’une lettre de re-
mercîment pour notre d é liv ran ce , qu’il re -
mettroit aussitôt que nous serions élargis; il
finissoit par exprimer le voeu de recevoir
une réponse amicale et conforme à ses désirs
, et déclaroit que si son attente? étoit
tromp é e ,'il se v e r ro it, à son grand chagrin,
obligé de conclure que le Japon avoit des
intentions hostiles contre la Russie, et serait
forcé d’en instruire son souverain; alors l ’empereur
se trouveroit contraint de déployer
des forcés proportionnées à sa puissance, afin
d’obtenir une satisfaction par la voie des
armes, quoique ce moyen pût ébranler l ’empire
du Japon dans ses fondemens.
L a lettre étoit accompagnée d’une traduction
en mantchou, et d’une autre en japonois ;
les Japonois observèrent qu’ils n’avoient pas
C )
d’interprète mantchou, et que la traduction
faite dans leur langue renfermoit plusieurs
passages inintelligibles. Cette circonstance
nous força de travailler à une nouvelle v e r sion,
qui nous occupa deux jours. Auparavant,
les Japonois emportoient tout de suite les
copies des papiers russes; dans cette occasion,
au contraire, la lettre du gouverneur d’Irk
ou tsk , le plus important des papiers expédiés
de R u ssie , resta chez nous d eu x jours
et une nuit. C’étoit d’un h eu reu x augure.
La traduction de cette pièce fin ie , les in terprètes
la soumirent au gouverneur; bientôt
ils nous la rapportèrent pour nous demander
quelquesexplications. Ilsdonnoient deséloges
a cette lettre ; deux passages, néanmoins, leu r
en déplaisoient. D’abord ce lui où i l étoit dit
que l ’empereur regardoit la conduite perfide
du commandant de Kounaschir envers nous
comme un pur effet du caprice de ce ch e f qui
avoit agi contré la volonté de son sou v e ra in ,
ne pouvoit plaire au x Japonois , puisqu’ils '
avouoient eux-mêmes dans leurs papiers que
nous avions été arrêtés par ordre de leur gouvernement.
Dans les premiers temps de notre
cap tiv ité , ils avoient rejeté la trahison toute
.entière sur le commandant de K ounaschir}