avoit cherché à faire excuser sa conduite
passée. La garnison de Kounaschir étoit composée
de soldats du prince de Nambou , dont
le chef, homme très-considéré et plus âgé
qu’O ta k i-K o ë k i, obéissoit néanmoins à ce
dernier, qui commandoit dans l ’île au nom de
lempereur. L ’officier de Nambou fu t instruit
de l ’intention du gouvernement japonois de
négocier avec les Russes ; par conséquent on
ne tira pas sur leurs bâtimens. Cependant
n ayant pas reçu, avant l ’arrivée de M. Ricord,
d’ordre de son prince à ce sujet, i l v o u lu t,
conformément a ses premières instructions,
faire feu sur la Diane quand elle se présenta
devant le fort. Otaki-Koëki et son collègue,
en vo y é auprès de lu i pour négocier, se placèrent
devant les canons, et déclarèrent qu’il
falloit commencer par les faire périr eu x et
tous les Japonois au service de l ’empereur, et
qu’ensuite on poùrroit en user avec les Russes
comme on voudroit; mais que tant qu’ils v i vraient,
ils s’opposeroient, au péril de leur vie,
à ce que l ’on agît hostilement. Il contraignit,
par ce moyen, l ’obstiné commandant à suivre
la volonté du gouvernement suprême. Nous
interrogeâmes T e sk é , pour savoir comment
l ’empereur jùgeroit cette conduite ré c a lc i,
C 2 3 1 )
trante. c< C’est, reprit-il, au prince de Nambou
à en décider. L ’empereur se contentera de
demander au prince pourquoi il n’a pas
donné assez à temps des ordres conformes à
sa volonté souveraine. »
Quand il avoit été question de négocier
avec les Russes, Otaki-Koëki avoit demandé
q u’on lu i adjoignît un officier d’un rang égal
au sien, afin qu’ils pussent délibérer ensemble
sur les cas imprévus qui exigeroient une décision
prompte, et que la responsabilité, au
lieu de peser sur une seule personne, fû t
partagée. »
Déjà l ’on étoit entré dans la seconde
moitié de septembre, et l ’on n’entendoit pas
encore parler de la Zh'ane.Nousappréhendions
beaucoup que son départ n’eut été re tardé , et
q ue , v u la saison re culé e , i l ne lu i arrivât
u n malheur dans ces parages orageux; c’est
ce qui nous faisoit souhaiter que M. Ricord
eût ajourné son voyage jusqu’au printemps
suivant; notre captivité eût, à la v é r ité , duré
h u it à n eu f mois, mais nous nous en consolions;
cependant l ’activité infatigable et le
courage de cet officier ne lu i laissèrent pas
perdre un seul moment, puisqu’il s’agissoit
de nous rendre service. I l voulu t à tout p r ix