pour notre voyage. La physionomie de tous
les Japonois qui nous rendirent visite, expri-
moit la joie la plus sincère de notre bonheur.
L eu r conduite, en cette occasion, nous fit
souvent verser des larmes d’attendrissement.
Alors M. ChJebnikoff ayant proposé d’écrire
au gouverneur une lettre de remercîment,
j y consentis avec le plus grand plaisir, et je le
priai de voulo ir bien l ’écrire. Elle fut rédigée à
instant, puis traduiie en japonois, et présentée
au gouverneur q u i, suivant ce que nous,
rapporta l ’interprète, avoit, en la recevant,
témoigné combien il en étoit touché etrecon-
noissant.
Depuis ce moment, les Japonois eurent l ’air
de nous considérer comme leurs hôtes et pas
du tout comme leurs prisonniers. Ayant re marqué
que nos matelots leur demandoient
plus d eau-de-vie qu’il n’en faut à des hommes
tempérans, ils ordonnèrent de ne plus le u r
rien distribuer sans mon consentement; parla
ils me reconnoissoient comme commandant,
ce qui n avoit pas eu lieu auparavant.
Étant pleinement convaincu que les Japonois
avoient réellement l ’intention de nous
rendre la lib e r té , nous désirâmes leur en
montrer notre gratitude autant qu’il étoit en
notre pouvoir. M. Chlebnikoff fit un travail
pour expliquer les tables qu’il avoit composées,
et le donna à l ’académicien. Je fis aussi,
pour ce savant, un extrait de la Physique de
JLibes, dans lequel j’insérai tout ce qui avoit
rapport aux nouvelles découvertes en astronomie
, et j’y ajoutai des éclaircissemens. N ous
voulûmes aussi faire don de nos liv re s et de
nos effets à toutes les personnes qui, étant de
service auprès de nous, nous avoient marqué
de la bienveillance. Elles refusèrent de recev
o ir 1a. moindre chose, disant qu’elles ne le
pouvoient sans l’autorisation du gouvernement,
et q u’elles la solliciteroient.
Nous ne restâmes que trois jours à Mats-
maï après que les Japonois nous eurent annoncé
que nous étions remis en liberté. D u rant
ce temps, le gouverneur nous envoya
110s repas de sa propre cuisine, et donna ordre
aux interprètes de nous régaler.
Le 3o août, dans la matinée, nous partîmes
de Matsmaï. On nous fit traverser la v ille en
cérémonie.L’affluence du peuple étoit extraordinaire.
Chacun s’empressoit autour de nous
pour nous dire adieu. M. Chlebnikoff avoit
les pieds en si mauvais état, qu’il pouvoit à
peine se tenir debout; .néanmoins les Japo