«c quand vous serez de retour dans votre pâte
trie.Nous avons désiré vous témoigner dans
« notre pays toute la civilité possible. Comme
« nous ne connoissons pas vos moeurs, il se
« peut que nous ayons fait tout le contraire,
cc Chaque pays a ses usages qui souvent dif-
« fèrent beaucoup de ceu x d’un au tre , mais
« partout les bonnes actions ont leu r mérite.
c< Faites aussi connoître cela chez vous. Je
ce vous souhaite à tous un bon voyage. »
Nous exprimâmes au gouverneur notre
reconnoissance de toutes ses bontés ; il écouta
nos remercîmens et s’en alla. On nous dit
alors de retourner à notre logis.
Malgré tout ce qui se passa d’agréable pour
nous dans l ’audience du g o u v e rn eu r , le vi-’,
sage de M. Moor ne montra pas le moindre
signe de joie ; il se contenta de répéter plusieurs
fois qu’il étoit indigne des bienfaits des Ja-
ponois.
Quand nous fûmes de retour chez n o u s ,
tous les officiers civils et m ilitaires, les soldats
et d’autres Japon ois vinrent nous féliciter. Les
trois premiers magistrats, après le gouverneur,
me remirent leurs félicitations par é c rit, et
me prièrent de la conserver en souvenir de
notre connoissance. En vo ic i la traduction:
De la part des guinmiyagous,
« Vous avez tous vécu long-temps ic i;
« maintenant, par ordre de monseigneur le
« gouverneur, vous retournez dans votre
« patrie. Le moment de votre départ approche.
« Votre long séjour parmi nous, nous a te l-
« lement accoutumés à vous q ue cette sépara*-
« tion nous est pénible. La distance de l ’île
« de Matsmaï a notre capitale orientale est
« très-considérable, et ici dans u n e .v il le
« frontière l ’on manque de beaucoup de
« choses. Vous avez donc supporté la chaleur,
« le froid et d’autres vicissitudes des saisons;
« à présent vous êtes prêts à retourner tout
« jo y eu x chez vous. Songez que vous ne vous
« réjouissez pas seuls; nous ressentons aussi
« une v iv e satisfaction de l ’heureuse issue de
« cette affaire. Que Dieu, v e ille sur v o u s , et
« vous conduise dans votre voyage; nous l ’en
« prions avec ferveur. C’est pour vous faire
« nos adieux que nous avons écrit ceci. »
La joie des Japonois étoit réellement sincère.
Les interprètes nous dirent que le grand-
prêtre de Chakodade avoit demandé au gouverneur
et en avoit obtenu la permission de
faire, pendant cinq jours,, des prières dans le