de l ’événement qui l ’avoit rendu notre prisonnier,
et qui étoit pourtant d’une certaine
importance. D’abord il en parut de
même étonné, et laissa plusieurs fois échapper
cette exclamation très-expressive en japo-
nois : Fissingui ! Mais, après avoir mûrement
réfléchi : « Non , me dit- i l , il n’y a là rien
cc de surprenant. D’après nos lo is , vous aviez
cc le droit d’agir hostilement, puisque l ’on
« vous avoit annoncé que vos compatriotes
cc étoient morts. Quand même vous in’auriez
cc égorgé moi et tous les hommes de mon
cc équipage, mon gouvernement q u i, dans les
cc conjonctures présentes , penche pour un
cc arrangement amical, n’eût pas dit un mot
cc à ce sujet. J’ai appris, en effet, que Gorodsi
«c ne vous a pas trompés; il vous a rendu
cc fidèlement la réponse du commandant de
ce Kounaschir. Enflammé de colère et d’impa-
cc tience de venger les hostilités commises par
cc ChvostofF, il brûloit du désir de se mesurer
« avec vous, etattendoit avec anxiété l’instant
«c où vous attaqueriez le fort. La garnison,
cc forte de plus de trois cents hommes, avoit
cc juré de mourir les armes à la main. Aussi
cc avoient-ils tous, suivant l’usage des guérie
r ie r s , enterré la boucle de cheveux qu’ils
«c s’étoient coupée e u x -m êm e s , l ’avoient
cç enveloppée dans un morceau de papier sur
a lequel étoit écrit le nom du militaire
« à qui elle appartenoit , ensuite toutes
cc avoient été serrées dans une caisse q u i, à
cc votre premier mouvement hostile, auroit
cc été expediée à Matsmaï. Connoissant votre
« v a le u r , je pense que l ’effusion de sang
cc auroit ete terrible. La supériorité de vo tre
cc artillerie, pouvoit vous donner la v ic to ire ,
cc mais seulement pour un temps b ien court,
cc Bien peu d’entre vous auroient échappé à la
cc mort; caries Japonois qui savent, par la con-
cc duite des gens de ChvostofF, que les Russes
cc sont adonnes a 1 ivrognerie, étoient .déter—
« minés à empoisonner toutes les boissons
« fortes.»
Tacataï-C aki ajouta que le commandant
étoit bien fâché de n’avoir rien de bon à
manger à nous envoyer. Quoique ce ne fû t
pas encore la saison de la pêche, il avoit fait
partir deux baïdars pour essayer de prendre
du poisson. Caki nous promit de nous apporter
lu i-m êm e les premiers produits de la
capture. Nous le conjurâmes de ne pas se
donner tant de peine, cc Ce n’est pas trop
cc pour des amis; rep rit-il; ne leur d o it-o n