liberté ; l ’expérience nous a plus tard prouvé
la vérité de ce qu’il avançoit ; il a été l ’instrument
du rapprochement des deux puissances,
de la délivrance de nos compatriotes; e t,
pour l ’a v en ir, il le sera de la fixation de
quelques points qu i, quoique peu impor-
tans en eux-mêmes, ne sont pas moins en
opposition avec les lois de l ’empire japonois*
Je mandai tous ces détails au commandant
d’O ch o tsk , et je le priai en même temps de
me procurer une lettre officielle du gouverneur
d’Irkoutsk pour le gouverneur de
Matsmaï; je comptais aller m o i-m êm e à
Ochotsk prendre cet écrit, que Tacatai-Caki
promit de remettre en personne au gouverneur
de Matsmaï. Nous nous étions engagés
à conduire d’abord Caki à K oun a schir, où il
devoit nous donner une réponse décisive et
des renseignemens sur le sort de nos compagnons.
T e l étoit le plan de notre prochaine
campagne.
Caki se trouva très-bien jusqu’au milieu
de l ’hive r ; alors la mort de deux de ses mate-;
lots lu i causa une révolution fâcheuse : il
devint morne et ch a g r in , commença à se
plaindre de sa santé deb ile , et dit au ch irurgien
qu’il avo it le scorbut aux jambes et
qu’i l en mourroit. Son mal réel étoit la nostalgie,
ou la maladie du p a y s , et la crainte
que l ’on ne le retînt à Ochotsk, où il devoit
in accompagner. Il me fit part de ce soupçon.
Comme la réussite de tous nos projets dépen-
doit de son retour dans sa patrie , je résolus
de l ’y ramener d’abord; sans attendre la ré ponse
d’Ifkoutsk. Lorsque je lu i annonçai
cette détermination, il appela les deux matelots
qui lu i re s ta ien t, leu r communiqua
cette bonne n o u v e lle , puis me pria de le
laisser seul un instant avec ses gens. J’allai
dans une autre chambre, m’imaginant qu’il
vou lo it prier sans témoin. Bientôt je le vis
so r tir , vetu de ses habits de cérémonie, le
sabre au co té , et les matelots marchant derrière
lui. Il m’adressa un discours de remer—
ciment. J etoissurpris,attendri; je lu i promis
encore une fois de remplir ma promesse.
En a v r il, lorsque nous commencions à
nous préparer à notre départ, je reçus une
lettre du gouverneur d’I rk o u t s k , qui me
chargeoit, en ma qualité de commandant du
Kamtschatka, d’y mettre à exécution les
nouveaux arrangeniens ordonnés par l’empereu
r , e t , dans le cas ou je retournerois au
Japon, de laisser M. Roudakoff pour me sup-
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