nonça, par l ’organe de Kisseleff notre interprète,
qu’il parloit non pas au nom du gouverneur
, mais au nom de ses d eu x premiers
conseillers, qui me faisoient prier de lu i remettre
les pièces officielles arrivées d’Ochotsk.
Je répondis que je m’élois proposé de les leur
délivrer moi-même, mais que pour ne pas
perdre de temps, je consentais à les lu i confier.
Pour rendre cet acte plus solennel, tous
les officiers, en grand uniforme, se réunirent
dans la chambre, et ce fut en leur présence
qu’avec toute la dignité convenable je remis
aux mains de Caki la lettre officielle du commandant
du port d’Ochotsk, enveloppée dans
du drap bleu. Je lu i déclarai en même
temps que j’avois une autre lettre officielle
et très-importante de S. E. Monseigneur le
gouverneur d’Irkoutsk à sa grandeur Monseigneur
le gouverneur de Maismàï ; mais
que je devois la rendre moi-même , soit au
gouverneur en personne, soit du moins à un
des principaux magistrats qu’il m’enverroit à
cet effet. Tacataï-Caki me pria instamment de
le charger aussi de cette lettre, ce qui lu i
feroit un honnepr infini dans tout le Japon,
quand on sauroit qu’il avoit été jugé digne
de remettre aux mains de l ’obounio une
dépêche de sa grandeur le gouverneur russe.
Je refusai bien décidément de condescendre
au x désirs de C aki, et je lu i dis q u e , maigre
la haute estime que j’avois pour lu i comme
mon ami, je ne pouvois pourtant pas manquer
au x égards et au respect que je devois au
gouverneur russe, n i tromper la confiance
qu’il avoit eue en moi. Je fixai le bord de la
mer pour le lieu de mon entrevue avec les
autorités japonoises; car il n’étoit pas possible
qu’elle eût lieu à bord des canots. Suivant
ce que me dit Caki, toutes les personnes q u i
se trouvoient dans les rues tombent à genoux
quand les deu x premiers magistrats y p a -
roissent dans leurs norimons; or, comment
supposer que leu r fierté leur permît d’avoir
une entrevue en canot sans aucune espèce
de cérémonie, avec le commandant d u n bâtiment
étranger? En outre, j’avois une lettre
de créance du gouverneur; j ’étois plénipotentiaire
d’après la volonté de l ’empereur,
je représentois un ambassadeur ; c’est pourq
u o i, si les Japonois avoient osé commettre
une perfidie q u e lcon q u e , j’étois sûr que ma
démarché seroit considérée par mon gouvernement
non comme une imprudence contraire
au bon sens, mais comme la seule ma