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du matin au soir, afin que nous pussions
jo u ir du grand air ; de plus, on nous servit
des fruits, tels que des pommes et des poires,
entre autres des bergamottes : elles n’étoient
pas bien mûres, mais c’est le goût des Japonois";
ils mangent avec plaisir Ce qui est acide.
Il y avoit dans notre cour un prunier couvert
de fruits; les gardes les cueillirent avant qu’ils
eussent atteint leu r maturité; ils nous en
donnèrent quelques -uns, que nous fûmes
obligés de faire cuire ; les Japonois les man—
geoient de très-bon appétit, crus ou cuits.
Un jour de fête, le gouverneur nous envoya
un souper préparé dans sa propre cuisine.
C é to it vers le milieu d’août, jo u r de grande
fête pour les enfans. Le soir, tous les petits
garçons se réunissent au château; là , en présence
du gouvernement et de tous les magistrats
de la v ille , ils jou en t, chantent, dansent
s’exercent à tirer le sabre. Ensuite on leu r
donne à souper, et on les régale de friandises.
Koumaddjero nous dit qu’en cette occasion-
c i, il s’étoit trouvé quinze cents enfans au
château, et que l ’on n’y avoit admis que ceux
dont lesparensavoient pu les habiller décemment
: ceux qui sont mal vêtus auroient
honte de paroître dans une réunion de ce
genre ; les petites filles n’y peuvent pas venir,
parce q u e , d’après les lois du Japon, l ’entrée
des lieu x fortifiés est interdite aux femmes.
Nos gardes nous montroient aussi plus de
bienveillance. Plusieurs nous apportoient du
saki, des fruits, etc., et ce n’étoit plus en
cachette. Un vieillard de soixan te-dix ans
nous donna, à M. Chlebnikoff et à moi, des
éventails et des cuillers v e rn is ; Schkaïeff,
malgré une maladie, douloureuse, avoit été
pris d’une envie extraordinaire d’apprendre
à écrire. Le vieillard lu i fit présent d’un écri-
to ir e , d’encre de la C h in e , et de pinceaux.
Pour récompenser ces hommes humains de
deurs attentions, autant qu’il étoit en notre
p o u vo ir , nous songeâmes à leur faire cadeau
de plusieurs de nos effets fabriqués en E u rope
, sachant qu’ils les aiment b eaucoup,
notamment le linge fin. Us attachent du p r ix
à chaque petit morceau ; ils en font des portefeuilles
pour serrer leurs papiers et leu r
argent, des bourses à tabac, et deaétuis pour
leurs pipes. Nous leur partageâmes donc les
culottes, les bas et les mouchoirs que nous
avions à notre disposition ; ils acçeptèrent
tout avec la plus v iv e reconnoissance : i l