Ochotsk, et que je m’empresserois de revenir
à Chakodade avant la fin de l ’année, avec
toutes lés pièces qu’il demandoit ; je le priai
aussi d’exprimer à ce magistrat notre recon-
noissance cordiale pour ses intentions amicales
, et surtout pour aVoir permis à un de
nos matelots prisonniers de venir nous voir.
L e 29 juin , nous prîmes définitivement
congé de Tacataï-Caki. A cette occasion, il fit
présent à mon équipage de ttois cents poissons.
J’étois réellement fâché de ce qu’il ne
vou lo it rien accepter en don, excepté un peu
de sucre , de thé et d’eau -d e -vie de France.
I l laissa même à mon bord ses effets qui
étoient assez p r é c ie u x , en me disant que
nous nous reverrions à Chakodade. « L à ,
<c d it- il, je pourrai recevoir sans obstacle les
« dons de ton amitié ; ici je serois ten u , d’axe
près nos lo is , de rendre un compte détaillé
« de chaque bagatelle. » - - « Reprends du
« moins ce qui t’appartient, rëpondis-jé; tu
« sais à quels dangers un voyage par mer est
a exposé. » — « Quoi 1 rep r it- il, protégé v ice
siblement.par le c ie l, peux-tu craindre un
« malheur ? Zisé i, ziseï’ taïscho, ( c ’est à dire,
« tim id e , timide commandant). Il reste en-
et core beaucoup de temps pour faire une
« traversée heureuse; ainsi, hommes savans
« qui savez contempler la c ie l, ne vous d é -
cc couragez pas. Ton air ne me plaît pas, je
cc vois que mes vieilles nippes te donnent de
cc l ’inquiétude; je voulois te demander la
cc permission de les partager à tes matelots;
cc mais te voyant so u c ieu x , vraisemblable-
cc ment parce que tu ne crois pas terminer
cc ton affaire cette année, j’en dois conclure
cc que tes matelots dont plusieurs se défient
cc encore de m o i, s’imagineront que je leu r
« fais don de mes effets, parce que je pense
cc bien que je ne les reverrai plu s; il vaut
« donc m ieux que tout cela "reste sous ta
cc garde jusqu’à ton retour à Chakodade. T en
cc Taïscho. » (T en signifie aie confiance en
Dieu.
Le clairvoyant et reconnoissant Caki ne se
trompoit pas dans ses conjectures. Du reste,
que le lecteur juge lui-même, si je n’avois
pas sujet d’être inquiet. Dès qu’il nous eut
quittés, je levai l’ancre, malgré le vent contraire,
et je gagnai le large. Bientôt le v en t
devint favorable;et, après quinze jours d’une
navigation heureuse, j ’arrivai à Ochotsk.
J’adressai aussitôt au commandant un rapport
de tout ce qui nous étoit a r r iv é ; il me