reconnoissance pour les soins bienveillans de
Caki, on répéta trois fois le cri pour lu i , en
y ajoutant sa qualité de taïscho. I l se tenoit
avec ses matelots sur l ’endroit le plus élevé
de sa chaloupe, et cria aussi de toutes ses
forces hourrah à la Diane. Nous lu i dîmes
ensuite adieu, en lu i faisant signe des mains,
et nous nous séparâmes de lu i le coeur gros.
Nous essuyâmes, le long des côtes du Japon,
un ouragan q u i dura six heure s, et nous mit
dans une position très-critique. La nuit étoit
très-obscure, la pluie tomboit à torrens. L ’eau
monta dans la cale à trois pieds quatre pouces,
quoique les pompes fussent dans un mouvement
continuel. À chaque instant nous nous
attendions à périr. Enfin la tourmente s’ap-
paisa; et, l e 5 novembre,.nous entrâmes heu.-
reuseinent dans le port de Saint-Pierre e t
Saint-Paul, par un vent très-fort, accompagné
d’une chute abondante de neige.
Le 6 novembre, nous célébrâmes sur la
corvette notre dernier service d’action de
grâces, et nous rentrâmes dans les mêmes
huttes que l ’h iv e r précédent; cette fois avec
la pensée consolante d’avoir accompli heureusement
notre mission et l’espoir de retourner
bientôt au milieu de nos amis et de
nos parens, dont nous étions séparés depuis
sept ans que nous avions quitté Saint-Péters^
bourg.
Ainsi se terminèrent nos premiè res relations
avec une nation jusqu’alors bien peu connue:
excitée pas des circonstances malheureuses
et trompée par les Hollandois, elle avoit une
très - m auvaise opinion des Russes, ce qui
nous inspiroit des craintes bien fondées pour
la vie des prisonniers. L a providence en a.
ordonné autrement, et l ’infortune de nos
çompatriotes a rendu possible une chose
que la sagesse humaine regardoit auparavant
comme impraticable. D eu x grands empires
qui étoient complètement étrangers l ’un à
l ’autre , ont fait un pas immense vers des
liaisons futures, et l ’on peut nourrir l ’espérance
que les deux nations se rapprocheront
dp plus en plus pour leur avantage mutuel.
Craignant avec raison que notre corvette
usée par les campagnes ne coulât à fond dans
le port St.-Pierre et S t.-P aul, comme il étoit
arrivé au vaisseau Slava-Rossict quj avoit
servi à l’expédition du capitaine B illin g s ,
nous l ’approchâmes du rivage autant qu’il
fu t possible, et ensuite on la halla sur le sable.
L a Diane n’est plus en état d’affronter les