détail à quelle heuré nous étions sortis de là
maison, quel chemin nous avions pris dans
la v ille et dehors, et il fa llu t, à ce sujet, dessiner
la position de notre maison, ainsi que
de la partie de la v ille que nous avions trav
e rsé e ; il dèmanda ensuite ce que nous avions
fait chaque jo u r , les objets et les provisions
que nous avions emportés-, enfin si quelqu’un
de nos gardes ou de nos domestiques ne nous
avo it pas aidés à nous enfuir, ou si du moins
quelque Japonois n’avoit pas connu notre
projet? Nous répondîmes à ces questions par
u n récit sincère de tout ce qui s’étoit passé.
A lo rs le gouverneur demanda depuis combien
de temps nous avions pris la résolution
de nous échapper, et comment nous nous
étions figuré que nous pourrions effectuer
cette entreprise ? A cette q ue s tion , M. Moor
se tournant vers les matelots, les exhorta à
dire la vérité comme s’ils parloient devant
D ie u , parce qu’il avoit tout découvert au x
Japonois. Cet avertissement n’étoit pas nécessaire,
car nous n’avions pas le projet de rien
cacher; mais l ’exposé de nos délibérations et
de nos résolutions, tel que M. Moor l’avoit
présenté aux Japonois, nous fit penser q u e ,
tout en conseillant a u x matelots de dire la
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vérité comme en la présence de D ie u , il n e
s’étoit pas lui-même bien pénétré de cette
idée dans son rapport. Il avoit ajouté une petite
bagatelle à son récit; c’étoit qu’en donnant
son consentement à notre projet de fu ir ,
il avoit usé de fe in te , afin de connoître nos
plans, d’en empêcher l ’exécution, ou , s’il n’en
venoit pas à bout, de tout découvrir a u x Japonois
, et rendre par-là un service au gouv
e rn eu r; pour ce qui le concernoit, il s’étoit,
suivant ses propres expressions, remis entièrement
à la disposition de l’empereur du Japon;
si ce monarque ordonnoit de le relâcher,
i l partiroit ; dans le cas con tra ire , il resteroit
au Japon. Le gouverneur ayant ensuite demandé
qui de nous étoit l’auteur de la lettre
qui lu i avoit été écrite au sujet d’A lex is ,
M, Moor se nomma; cependant il se reprit
aussitôt, et ajouta qu’à la vérité il l ’avoit
é c r ite , mais par mes ordres. L es Japonois eux-
mêmes ne purent s’empêcher de rire.
Enfin le bounio nous fit cette question :
« Quel a été votre but en vous enfuyant ? »
— cc De retourner dans notre patrie, répon-
cc dîmes-nous. » — « Comment po u v ie z -vou s
« effectuer ce p ro je t?»— «c Nous comptions
« nous emparer d’un navire le long de la