sur son bâtiment ; j’y consentis : aussitôt ses
matelots emportèrent toutes nos pièces vides,
et les rapportèrent pleines d’eau fraîche.
C’étoit un coup d’oe il satisfaisant de vo ir tous
ceshommesque nous regardions peu de temps
auparavant comme nos ennemis, être maintenant
de si bon accord avec nous. Quand
ces bons Japonois nous eurent dit a d ie u , ils
retournèrent en chantant à leu r navire.
L e soir nous mîmes en mer ; à l ’instant
toutes les batteries tirèrent sur nous à boulet.
Les Japonois croyoient vraisemblablement
que nous voulions nous approcher de
leu r fo r t, et que nous tramions quelque
mauvais dessein contre eux. Le grand éloignement
qui nous séparoit d’e u x , ne put que
nous faire rire de pitié de les vo ir tirer in u tilement.
Notre hôte même se mit à r ir e , en
disant : « Kounaschir mauvais endroit pour
les Russes, Nangasaki meilleur. » Le vent
contraire nous força à rester mouillés le len demain
dans la baie, à cinq milles au moins
du fort. Durant tout ce temps nous regardâmes
assidûment avec les lunettes d’approche
si le baïdar que nous avions expédié
à terre ne reviendrait pas. cc Non* n on , nous
dit C a k i, le baïdar ne sera relâché que lors-.
que la corvette russe se sera entièrement
éloignée de l ’île. Le 11 septembre, nous partîmes
en louvoyant et fîmes route pour le
Kamtschatka. Nous essuyâmes, -dans cette
traversée, des coups de v en t fréquens et
violens qui, à cette époque, sont très-dangereu
x dans ces parages, ainsi que dans tous
ceu x qui se trouvent sous la même latitude.
Nous fûmes pendant douze heures exposés à
un péril imminent ; la main de la providence
put seule nous en tirer. Le même jo u r ,v e r s
midi, le vent se mit à souffler avec force ;
bientôt ce fu t une tempête épouvantable.
Nous avions alors sous le vent les îles basses
situées entre Matsmàï et Tschikotan. La corvette
parut bien supporter la grande v o ile ;
nous avancions avec rapidité : cependant le
courant nous entraînoit visiblement vers ces
îlots. Nous n’espérions pas po u vo ir mouiller
à cause de la violence des lames; nous abandonnant
donc au vent du large, nous passâmes
entre Kounaschir et Tschikotan; mais nous
courûmes grand risque de faire côte. Chaque
minute, la sonde nous annonçoit que nous
nous approchions davantage des îles redoutables.
A quatre h eu re s ,la profondeur diminua
de d ix -h u it brasses à tre iz e ; nous por