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ponois ne me permettraient pas de lu i répondre,
de déchirer au moins la ligne de la
lettre où se trouvoit le mot pie, et de la lu i
renvoyer par le Japonois qu’il avoit expédié
à terre, cé qui lu i feroit connoître que nous
étions .encore de ce monde. Cette lettre de
mon compagnon, de mon ami in tim e , m’attendrit
extraordinairement; M. Moor aussi
en fu t ému, et, depuis ce moment, il commença
à me parler amicalement.
Conformément au voe u des Japonois, nous
traduisîmes verbalement les deux lettres; ensuite
ils nous les firent copier pour les traduire
par écrit en japonois a\? ec Koümaddjéro.
Ils gardèrent les originaux.
Ces lettres étoient venues avec une grande
promptitude. En supposant que la frégate les
eût envoyées à terre le jo u r même de leur
date (28 août), il n’étoit pas vraisemblable
qu’elles eussent pu être expédiées de K o u naschir
avant la soirée. Elles arrivèrent à
Matsmaï le 6 septembre dans la matinée ; elles
avoient par conséquent été. à peu près sept
jours et demi en route; vitesse due sans doute
à l ’importance de l ’affaire. Les Japonois comptent
ordinairement, de Kounaschir à Matsmaï,
deux cent quatre-vingts ris ou environ deux
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cent cinquante lieues. Cet exemple peut
donner une idée de la célérité des courriers
japonois.
La nouvelle de l ’arrivée de la Diane causa
la joie la plus v iv e à tous mes compagnons.
La lettre de M. Ricord prouvoit clairement
que notre gouvernement n’étoit nullement
enclin à prendre des mesures v io len te s , et désirait
employer des moyens pacifiques pour
convaincre les Japonois de l’injustice de leur
conduite. Nous flottions entre la crainte et
l ’espérance¿ Nous sollicitâmes la permission
d’écrire à M. Ricord, quand ce ne serait qu’une
seule lign e , pour lu i apprendre que nous
v ivion s encore. On nous p romit de soumettre
notre requête au gouv e rn eur , qui bientôt
nous lit dire_ qu’il ne pou voit nous l ’accorder
sans une autorisation de la capitale. A y an t
demandé à l’interprète et aux gardes comment
les Japonois s’étoient conduits envers nos
compatriotesàKounaschir,et s’ils leu r avoient
fait une réponse quelconque, ils nous dirent
qu’ils ne savoient rien bien précisément, mais
qu’ils croyoient que l’affaire alloit bien.
Cependant les papiers furent traduits, et
expédiés aussitôt à Iédo; nous ne pûmes pourtant
savoir quelle conduite l’on avoit enjoint