Ochotsk est b â tie , ne se voit, quand on vient
de la mer, que lorsque l’on a déjà découvert
toute la ville.
Pour ne pas perdre de temps, j’ordonnai
de tirer un coup de canon en hissant le pav
illon ; et nous mîmes en travers en attendant
un pilote. Il ne tarda pas à en arriver un
que nous envoyoit M. Schakoff, lieutenant
de vaisseau et commandant du port; i l l ’avoit
chargé de nous indiquer un bon mouillage.
Dès que je fus à terre, j ’adressai à M. Minitsky,
capitaine de vaisseau et commandant de la
marine, un rapport concernant le malheur
arrivé à M. G o lo vn in , avec qui les liens de
l ’amitié l ’unissaient aussi, depuis que nous
avions servi ensemble sur la flotte angloise.
M. Minitsky prit une part trè s -v iv e à ce que
je lu i racontai; et, grâces à ses sages conseils
et à son activité dans tout ce qui dépendoit
de lu i , je ressentis quelque consolation; ce
qui me fu t d’autant plus p re c ieu x , que l ’autorité
suprême auroit p u , sur mon simple
rapport, conclure aisément que je n’avois
pas essayé tous les moyens possibles de déliv
r e r M. Golovnin.
Mon séjour à Ochotsk pendant l’h iv e r étant
absolument inutile pour le bien du se rv ic e ,
je partis en septembre pour ïrk o titsk , avec
le consentement de M. Minitsky, bien décidé
à pousser jusqu’a S a in t-P e te rsb ou rg , afin
d’instruire le ministre delà marine^de tout ce
qui s’étoit passé, et de prendre ses ordres
pour entreprendre une nouve lle expédition
au Japon, qui auroit pour but la délivrance
de nos compatriotes.
Durant la campagne qui nous avoit coûte
un si pénible sacrifice, nous nous étions toujours
consolés par la pensée d’avoir rempli les
intentions du gouvernement, et recueilli des
, observations nouvelles sur des parages éloignés;
enfin, par l’espérance de nous reposer
dans le sein de nos familles : mais le sort c ru e l
de nos compagnons anéantissoit cet espoir.
Il falloit nécessairement que, dans l ’hive r,
j ’allasse à Saint-Pétersbourg, et que je revinsse
de cette capitale à Ochotsk. Je ne pouvois
donc pas a tten d re ,p ou r partir, qu’il lû t possible
de voyager en traîneau. Je montai à
cheval ; j’arrivai à Iakoutsk vers la fin de
septembre, et je mis en tout cin qu ante -six
jours à me rendre à Irkoutsk ; la distance
d’O chotsk à cette v ille est de 3ooo verstes
(800 lieues). Je dois avouer que ce vo y a g e
par terre m’a plus \fatigué que toutes mes