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ïiois et étoit devenu Russe. Léonsaïmo, en
s’évadant, avoit cru qu’il rencontreroit des
Tongouses sur sa route; il prit donc une figure
de saint en cu iv r e , afin de se faire passer
pour un Russe ; arrivé chez les Gilièques, il
d it à cette peuplade qu’il étoit un ambassad
e u r 'd u grand empereur de la .Chine, et
montra l ’image en cu iv re , disant que ç’étoit
le portrait de ce monarque. Les Gilièques
l ’accueillirent si b ien , qu’il projeta de passer
l ’h iv e r chez eu x et de continuer son voyage
au retour du printemps; mais àOudskoï-Os-
trog, son plan échoua; il fut arrêté et conduit
dans ce lieu. Il s’étoit enfui avec deux autres
Japonois et un banni russe. Un des premiers,
comme je l ’ai déjà dit,mourut pouravoir mangé
trop de chair de baleine ; le banni abandonna
Léonsaïmo après l ’avoir v o lé , de sorte que
ce lu i-c i étoit arrivé seul chez les Gilièques.
Teské nous dit sans détour que le commandant
de Kounaschir avoit ordonné au Japonois
qui lu i avoit apporté une lettre de la
part de M. R icp rd , d’annoncer à ce dernier
que nous avions été mis à mort. V o ic i les
motifs de cette réponse mensongère : Le Japonois
envoyé par M. Ricord avoit dit à ses
compatriotes que bien certainement là Russie
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déclareroit la guerre à leur pays, et que la
conduite pacifique des Russes en ce moment
n’étoit qu’une feinte pour mieux tromper les
Japonois. M. Ricord avoit déclaré qu’il 11e
quitteroit le port que lorsqu’il auroit reçu
une réponse satisfaisante; d’un autre côté >
tous les pêcheurs et les ouvriers demeurant
dans la partie méridionale de K oun aschir,
s’étoient sauvés dans le fort à la vue de nos
bâtimens, et toute espèce d’occupation avoit
cessé. Pour mettre fin à cet état de choses, et
obliger les Russes à tenter une descente, et
à donner l ’assaut à la forteresse, le commandant
fit dire que nous avions été mis à mort.
I l est probable aussi que la haine personnelle
de cet officier pour les Russes avoit influé
sur sa réponse ; c’étoit le même Schrabiyagou
Otaki-Koeki dont nous avions si souvent essuyé
les plaisanteries à Chakodade. Teské
nous apprit que le conseil d’état n’avoit d’ailleurs
manifesté aucun mécontentement, de
cette réponse, et qu’elle a voit, au contraire,
l ’approbation de plusieurs des membres qui
vantèrent O tak i-K o ek i comme un homme
d’une prudence et d’u ne subtilité consommées.
Teské nous racontaaussi qu’il avoit éprouvé
beaucoup de désagrémens dans la capitale,