Nous y trouvâmes, à notre grande surprise ,
tous les objets qui nous appartenoient, tels
que linge, argent ; en un mot, tout, jusqu’au x
plus petits morceaux .et a des boutons. A.
chaque chose etoit attachée une étiquette
portant le nom de son maître. Parmi les objets
que M. Ricord avoit laissés pour nous à
Kounaschir, i l y avoit une boîte à rasoirs avec
un miroir ; mais les Japonois n’en savoient
r ie n , il fu t brisé dans le transport par terre ;
nous en trouvâmes les morceaux rassemblés
dans un petit sac auquel étoit joint un billet
contenant des excuse s de ce que le miroir
s’étoit cassé en chemin, parce que l ’on igno-
roit comment il falloit s’y prendre pour faire
voyager des choses si fragiles. Les Japonois ne
connoissent pas les miroirs de verre ; ils en
ont de métal si bien polis qu’ils ne le cèdent
guère aux nôtres.
Tacataï-Caki fut le premier qui v in t nous
voir. Ce jour-là r il nous annonça que le proje
t que nous avions formé de faire une visite
au gouverneur ( 1 ) , et de lu i adresser nos r e -
( i ) M. Ricord n’avoit pas vu le gouverneur, mais ce
dernier avoit vu M. Ricord quand notre entrevue eut lieu
à la douane; il s’y trouYoit incognito derrière un paravent.
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mercîinens en personne, lu i sembloit très-
louable , e t n’avoit pourtant pas étéapprouvé
par les magistrats japonois q u i, au contraire,
nous prioient de partir le plus tôt possible, en
nous assurant d’a illeurs qu’on s’occuperoit
sans délai de nous fournir l ’eau dont nous
avions besoin. En effet, il arriva bientôt un
grand nombre de canots qui prirent nos barr
iq u e s , les allèrent remplir à te r r e , et nous
les rapportèrent.
L e lendemain nous étions en état d’appare
ille r ; le ven t s’y opposa. E n fin , le 10 octobre
, nous levâmes l ’an c re , et nous sortîmes
de la baie en louvoyant. Teské,Koumaddjéro
et Tacataï-Caki nous accompagnèrent avec des
canots qui avoient été envoyés pour nous
aider dans nos manoeuvres. Pendant que la
jDiane lou vo yo it pour sortir du p o r t, les bords
de la mer étoient couverts de spectateurs.
Lorsque nous fûmes à l’entrée de la baie, nos
amis les Japonois nous souhaitèrent bien cordialement
un bon voyage , et nous firent leur
dernier adieu. Nous eûmes encore beaucoup
de peine en cette occasion à leur faire accepter
des présens; ils nous assuroient que déjà ils
çn avoient reçu assez. En s’éloignant de la corvette,
nous fîmes entendre, chacun de notre