par sa forme arrondie, que parce qu’elle est
séparée des autres par un intervalle assez
considérable. A l’ouest, elle est composée de
masses de rochers énormes, au milieu desquels
se trouve une caverne que l ’on peut
apercevoir de la mer. A u sud et a l ’ouest de
la presqu’î l e , la mer est très-profonde le long
de la côte; il n’y a ni banc n i rocher sous
l ’eau, de sorte que l’on peut s’approcheirde
terre sans aucun danger; mais au n o rd, il y
a des bancs de sable qui ne permettent *
qu’au x petits navires de v en ir près de la
v ille . Du cap qui s’élève au-dessus de la
v ille , part un ré c if de hauteur inégale, et
q u i occupe presque un tiers de la largeur
de la baie. A u nord et à l ’ouest de celle-ci, la
profondeur de l ’eau diminue peu à peu en
allant vers la côte.
En nous approchant de te r re , nous ne
vîmes pas toute la v ille tendue detoffes,
comme cela avoit eu lieu aKounaschir. On n en
apercevoit qu’en quelques endroits delà montagne,
et dans son voisinage. A l ’aide de nos
lunettes, nous comptâmes six deces tentures,
qui probablement cachoient des redoutes ou
des forts. Nos compatriotes, qui avoient passé
par là en venant de Mutsmàï a Chakodade,
avoient pu les remarquer. Il y avoit en outre
cinq redoutes nouvellement élevées sur la
plage, et munies de garnisons suffisantes ; elles
étoient à peu de distance l ’une de l’autre, et a
mille et quinze cents pieds du bord de la mer.
A peine fûmes-nous dans la rade, qu une
multitude de canots de toutes les grandeurs,
et remplis de cu rieu x de tou t âge et de tout
s e x e , entoura la corvette. Un bâtiment européen
étoit pour les Japonois une rarele remarquable
; ca r , à ma connoissance, il n’est
arrivé en ce port que le bâtiment de transport
la C a t h e r i n e , v en u d’Ochotsk i l y a
v in g t-d eu x ans, sous le commandement du
sturmann L ovsof, quand il amena Laxmann.
Beaucoup d’habitans n’avoienl donc jamais
v u de vaisseau européen , et une corvette
étoit encore une p lus grande nouveau té. A u s%
chacun s’empressoit-il à l’en v i de s approcher
de la D i a n e , et souvent l’ardeur des cu r ieu x
occasionnoit des querelles entre eu x . D’un
autre côté,les Dosini, ou soldats japonois, qui
se trouvoient à bord du vaisseau de garde
mouillé près de nous, crioient sans cesse à la
foule de se tenir plus loin ; mais la curiosité
des spectateurs étoit si fo r te , que les cris des
soldats, très-respectés d’ailleurs par le peuple,