en rien à la délivrance de mes compatriotes.
L ’interprète, ainsi que beaucoup de cu rieux,
restèrent jusqu’à la chute du jour. Nous réussîmes
pour la première fois a faire accepter
à nos hôtes des présens qui consistaient en
maroquin, auquel ils attachoient un bien
haut prix.
L e 7 octobre fu t l ’heureux jour qui nous
récompensa amplement de toutes nos peines.
Caki vint lui-même dans la chaloupe du gouv
e rn eu r , mais vetu un peu plus chaudement
qu’à l ’ordinaire, à cause de son indisposition.
Quand je lu i témoignai quelques inquiétudes
sur sa santé, il me répondit: ce Calme-toi,la joie
a m’a déjà soulagé; e t , quand je t’aurai v u
cc retourner à la corvette avec G o lo vn in , je
cc me sentirai tout-a-fait bien. »
I l m’assura que la confiance que j ’avois témoignée
dans la loyauté des Japonois, avoit
extrêmement flatté le gouverneur. A midi
j ’entrai dans la chaloupe, accompagné seulement
de M. Savelieff et de Kisseleff; et, a ibo -
rant le drapeau b la n c , je me rendis à la maison
des entrevues où l ’on ne nous fit pas attendre
long-temps. Nos prisonniers ne tardèrent
pas non plus à paroître à la porte. Ils
avoient tous des vêtemens jaunes , d’une
coupe uniforme, des pantalons et des vestes
de différentes couleurs. Les étoffes des officiers
ressembloient à nos étoffes à fleurs ;
celles des matelots à du taffetas. A le x is le
Kourile portoit un habit de soie bigarré,
taillé à la japonoise. Pour compléter ce singulier
accoutrement, les officiers avoient leurs
sabres et leurs chapeaux d’uniforme. Dans
une autre occasion, cette mise étrange eût
été comique; mais, dans le moment a c tu e l,
personne n’eut l ’idée d’en rire. L ’ami consi-
déroit son ami avec une émotion et une joie
qui s’exprimoient plus par les regards que
par les paroles. Des larmes de gratitude envers
la providence brilloient dans les y e u x
de nos compatriotes rendus à la liberté ;
il n’y a que ceu x qui se sont trouvés clans
une situation semblable, qui peuvent sentir
ce qu’ils éprouvoient en ce moment. Les Japonois
nous laissèrent quelque temps ensemble,
pour que nous pussions donner l ’essor
à nos premières émotions. Ensuite mes compatriotes
me furent remis formellement par
les deux guinmiyagous Tacahassy-Sanipeï et
Coodsimoto-Kiogoro. On me d élivra en même
temps, avec les cérémonies déjà décrites par
Golovnin , les. papiers du gouvernement