rement, et assnroit qu’il n’avoit pas persuadé
au x matelots de s’enfuir. A cette occasion,
S ch k a ie fflu i dit: « Pensez donc à Dieu et à
« votre conscience, Féodor Féodorovitscli 1
« vous n’espérez certainement pas retourner
cc en Russie. »- M. Chlebnikoff et moi nous
ordonnâmes à Schkaïeff de se taire. Les reproches
de cet homme simple produisirent
beaucoup d’effet sur M. Moor, et nous eussions
pu les payer cher par la su ite , comme j’aurai
occasion de le dire. Les Japonois voyant que
nous n’étions pas d’accord, prirent sur eu x
de concilier nos déclarations respectives, et
nous congédièrent.
L e 29 ju in , arriva le nouveau gouverneur,
Oga-Savara-Iseno-Cami. Le 2 ju i l le t , on
nous conduisit au "château. Nous trouvâmes
dans la salle du tribunal tous les magistrats
qui assistaient ordinairement aux interrogatoires
, ainsi que M. Moor et Alexis. Lorsque
j ’entrai dans la sa lle, M. Moor me dit que
nous n’avions rien à craindre , parce que
l ’affaire ail oit bien. Après un quart d’heure
ou une demi-heure d’attente, les deux gouverneurs
parurent avec leur suite. Chacun
étoit précédé d’un officier; le nouveau gouverneur
avoit à sa suite deux officiers de
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plus que l ’ancien. I l entra le premier et prit
place à gauche ; l ’aqcien gouverneur s’assit à
sa droite. Tous les Japonois présens leur donnèrent
les marques de respect accoutumées;
nous, les saluâmes à l’européenne. L ’ancien
gouverneur montrant son collègue, nous dit :
« V o ic i le gouverneur O g a -S a va ra -C am i,
« qui v i e n t -d’arriver pour me rem p a c e r ;
« fa i t e s - lu i connoître vos noms et vos
ce grades. » — Nous obéîmes à cette injonc--
t io n , en faisant un salut auquel le gouvern
eur répondit par un signe de la tê te , accompagné
d’un sourire. Ensuite , l ’ancien
gouverneur donna l ’ordre à un officier d apporter
un gros cahier, ajoutant : « I l a été
cc écrit par M. Moor, qui l’a intitulé Mémoire ;
« vous allez le lire, et ensuite vous déclarerez
« si vous êtes d’accord avec M. Moor. » Les
deu x gouverneurs se retirèrent et laissèrent
au x autres magistrats le soin d’écouter notre
opinion. M. Moor lu t son mémoire lui-même :
il commençoit par adresser beaucoup de com-
plimens aux deux g o u v e rn eu r s , rapportoit
avec assez d’exactitude tous les plans que
» nous avions formés pour notre fu ite , préten-
doit que le consentement qu’il y avo it donné
n’avoit été qu’une feinte de sa pa r t, rejetoit