« répliqua-t-il , ordonne de prendre lés plus
« grandes mesures de prudence, quand des
« bâtimens étrangers abordent dans notre
« pays. Lorsque Resanoff étoit mouillé dans
<c le port de Nangasaki, on avoit établi le
(( long de la côte une quantité plus considé-
« rable de batteries, et le nombre dçs troupes
« rassemblées étoit bien plus fo r t; ic i, au
« contraire, i l y en a bien peu, parce que
« l ’on ne v eu t pas chasser le bâtiment qui va
« venir. » D’a illeurs, mes soupçons le firent
r ir e , et il m’assura que nous n’avions pas la
moindre chose à craindre de la part des Japonois.
L e 24 septembre, les interprètes nous apprirent
que la Diane étoit entrée à Edomo.
Us nous montrèrent aussi une lettre de M. R icord
au x magistrats de Chakodade, écrite en
japonois par l ’interprète K isseleff, et dont
Teské nous expliqua le contenu. M. Ricord, à
qui, au lieu d’un pilote, on avoit expédié un
matelot qu’il avoit ramené le printemps précèdent,
prioit qu’on lu i envoyât un homme
sur l ’habileté duquel il pût se reposer, et dé-
signoit Tacataï-Caki. J1 disoit de plus qu’i l
avoit bèsoin d’eau, et désiroit s’en approvisionner
j il finissoit par demander qu’on répondit
à sa lettre,non en termes relevés, mais
en langage ordinaire, parce que son interprète
Kisseleff ne comprenoit que le dernier.
Teské et Koumaddjéro ajoutèrent que l ’on
avoit expédié à l ’instant l’ordre de fournir à
notre corvette, non seulement de l ’e a u , mais
aussi tous les v iv re s que l’on pourroit tro u v e r
à Edomo. Quant à la demande de M. Ricord
de répondre à sa lettre en langage usue l, i l
convenoit d’observer que les pièces rédigées
dans cette langue ne pouvoient être signées
que par des fonctionnaires publics d’un rang
inférieur. Or, si la réponse contenoit quelque
chose d’important, les magistrats supérieurs
avoient seuls le droit de la signer. D’après les
lo is , nulle personne de distinction ne peut
apposer sa signature à une pièce officielle rédigée
dans la langue ordinaire. I l étoit donc
impossible de se rendre, sur ce p o in t, au x désirs
de M. Ricord. Cet officier, ajoutèrent-ils,
demande qu’on lu i envoie Tacataï-Caki; cela
ne peut avoir lieu sans la permission du gouv
e rn eu r ; et, pour l ’obtenir, i l faut plusieurs
jours. Les magistrats de Chakodade connoissant
bien l’habileté du matelot dépêché à M. R i cord,
avoient conseillé à ce dernier de se fier
à ce marin jusqu’à la vu e de ce port, d’où,
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