au commandant de Kounaschir détenir envers
les Russes. Koümaddjéro nousàpprit à diverses
reprises que M. Ricord étoit arrivé dans cette
île avec deux bâtimens, l ’un à trois mâts,
c’étoit la D ian e , l ’autre à deux mâts, et qu’il
avoit successivement envoyé à terre quatre
Japonois. Cette dernière partie du récit n’an-
nonçoit rien de bon ; elle nous inquiéta beaucoup.
Il sembloit que les Japonois n’avoient
v o u lu répondre à aucune des demandes de
M. R ico rd , et qu’en conséquence il leur avoit
ren vo y é leurs compatriotes l ’un après l’autre.
Vers ce temps-ià, M. Moor jugea à propos
de se réconcilier avec nous ; il m’envoya donc
clans un livre un billet pour me dire qu’un
de ses gardes lu i avoit appris que , sur un de
nos bâtimens, il y avoit quatre vingts hommes,
et sur l ’autre quarante avec quatre femmes.
Enfin, le 20 septembre, parurent deux magistrats
Schrabiyagou, qui nous annoncèrent,
de la part du gouv erneur, qüe nos bâtimens
étoient partis de Kounaschir d puis quelques
jou r s , et n’avoient laissé de lettres ni pour
nous ni pour les Japonois; autrement, on
nous les eût montrées à l ’instant. Nous conjecturâmes
que le départ devoit avoir eu lieu
le 10 ou le 11 septembre. Après un' moment
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de silence, les Schrabiyagou ajoutèrent que
nos bâtimens avoient arrêté un navire japonois
allant d’ItouroupàKounaschir, et avoient
emmené cinq des hommes qui s’y trouvoient;
puis ils nous demandèrent quel pouvoit avoir
été le niotif de nos compatriotes, en agissant
de la sorte? « Nous l’ignorons, répliquai-je ;
a mais probablement ils veulent se procurer
cc des renseignemens authentiques sur notre
« compte, et c’est pour cela qu’ils ont emmené
a des Japonois que certainement ils ramè-
« neront l’année prochaine. » — « Vous avez
cc raison, et nous partageons cette opin ion » ,
reprirent les magistrats, après quoi ils s’éloignèrent.
, Cette conversation nous causa d ’autant
plus d’inquiétudes , que nous ne savions pas
de quelle manière nos compatriotes s’étoient
emparés des Japonois. Ne s’étoit-il trouvé
que cinq hommes sur le navire japonois, ou
'• bien M. Ricoçd a v o it- il laissé aux autres la
liberté de s’en a lle r ? .N o u s appréhendions
qu’il ne fût arrivé le même accident qu’au
moment où Chvostoff prit un bâtiment japonois
près de Saghalien. L ’équipage s’étoit
jeté à la mer pour gagner la côte à la nage;
, quatre hommes seulement s’étoient cach és