retrouver au milieu de roches, par une profondeur
qui ne faisoit craindre aucun danger.
Alors nous forçâmes de vo ile s , et nous nous
éloignâmes deces écueils. Nousfîmesconnoître
au Sotik, par des signaux de brouillard, le
péril qui le menaçoit; il l’évita, étant sous le
vent à nous.
La brume s’étant dissipée à quatre h eu re s ,
nous vîmes pour la première fois la grandeur
du péril auquel nous avions échappé. On
distinguoit parfaitement l’île St.-Jonas, ainsi
que tous les écueils qui l’entourent. Elle a
énviron un mille de to u r , et ressemble moins
à une île ou à un îlot qu’à un rocher conique
escarpé, inabordable, qui s’élève du milieu
des eaux. Dans l’e s t, à peu de distance, se
trouvent quatre grandes roches; l’épaisseur
du brouillard nous avoit empêchés de remarquer
entre lesquelles le courant nous avoit
fait passer. La seule vue de ces écueils nous
causa un effroi plus, grand que ce lui dont
nous avions été saisis durant la nuit terrible
ou nous y avions été engagés, parce qu’alors
il avoit fallu manoeuvrer la corvette avec tant
de promptitude, que nous n’avions pas eu le
temps de songer à nous. Cependant, en rasant
ces écueils de si près que nous aurions pu les
atteindre d’un sau t, la corvette avoit touché
très-fort par trois fois. Ces chocs me glacèrent
d’horreur. En même temps, le bruit des y a -
gues qui se brisoient contre les rochers étouf-
foit entièrement nos v o ix , de sorte qu’il
étoit impossible d’entendre un mot de commandement.
Je crus que nous touchions à
notre dernier moment, et je pensai qu’avec
nous alloient aussi périr les six Japonois sur
lesquels nous avions fondé l ’espoir de la d élivrance
de nos compagnons. Quand le temps
s’éclaircit, nous aperçûmes, à notre grande
satisfaction, le Sotik à peu de distance de nous.
Bientôt une brume épaisse couvrit denouveau
l ’atmosphère, et ne nous permit de rien vo ir
au-delà de quelques brasses.
Le reste de la traversée n’offrit aucun é v é nement;
et, le 12 août , à trois heures après-
midi, nous eûmes connoissance de la pointe
nord de l’île d’itouroup ( i ) ; néanmoins les
brumes et les.vents contraires ne nous permirent
de débouquer par le détroit de Vries
quele 1 5, et les mêmes obstacles nous retinrent
treize jours entre Itouroup, Tscliikotan et
(1) Tl y. a Ouroup dans la traduction allemande, ce
qui est évidemment une faute,.