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et ille s avoit faits prisonniers. D’un autre côté,
nous ignorions aussi comment nos com1-
patriotes avoient traité les Japorrois, et ce
que le navire de ceu x -c i étoit devenu. Mais
les réponses de notre interprète et de nos
gardes nous tourmentoient le plus; ils pré-
textoient toujours leur ignorance, quand nous
les interrogions sur les détails de cet événement.
Deux des gardes ne pouvoient dissimuler
leur haine contre nous. Ils disoient
d ’un ton menaçant au x matelots que l ’on ne
nous rendroit pas la lib e r té , puisque nos
compatriotes avoient pris un navire japonois.
Enfin M. Moor m’apprit, par un billet qu’il
cacha dans un liv r e , les particularités suivantes;
il les tenoit d’un garde qui étoit plus
babillard que les autres. Il y avoit toujours
d eu x gardes près de n o u s , et seulement un
près de M. Moor. Les premiers, se défiant les
uns des autres, ne se hasardoient jamais à
nous apprendre quelque chose. M. Moor me
prioit de ne pas tout communiquer à mes
compagnons pour ne pas leur causer du souci.
Quand les bâtimens russes étoient arrivés à
Kounaschir, les Japonois avoient commencé
à tirer sur eu x ; mais les boulets n’atteignant
pas la corvette n i sa conserve, ces bâtimens
n’y firent pas attention, et continuèrent tran-,
quille ment à remplir leurs barriques. Bientôt
ils aperçurent un navire japonois qui se
disposoit à entrer dans le port ; aussitôt ils
expédièrent un canot pour s’en emparer.
Plusieurs Japonois, saisis de crainte, se précipitèrent
dans la mer, six se n o y è ren t; nous
apprîmes plus tard que n eu f de ces infortunés
avoient péri dans cette occasion. L e navire
pr is , tous les Japonois qui s’ y trouvoient
furent garrottés; mais , dès que nos compatriotes
surent que nous vivion s encore, ils
mirent aussitôt tous leurs prisonniers en
lib erté, leur firent même des présens, et les
renvoyèrent avec le n a v ire , à l’exception de
cinq personnes.
J’appris de plus de M. Moor que le gouvernement
japonois, in stru it, par l ’aveu même
des K o u r ile s , compagnons d’A le x i s , qu’ils
avoient été envoyés par les Russes comme
espions pour examiner les villages et les forts
des Japonois, les avoit condamnés à perdre
la tête. Mais le généreux Arrao Madsimano-
Cami, l ’ancien gou v e rn eu r , avoit représente
à l ’autorité suprême qu’il seroit h on teu x pour
les Japonois de punir de mort des in fortunés
q u i, bien lo in d’avoir agi d’après leur
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