a Nangasaki, c’est-à-dire remettre entièrement
la corvette aux mains des Japonois, et
cela à une époque où nous voulions leur démontrer
la validité de nos droits sur trois îles
q u e , suivant nous, ils retenoient illégitimement.
En o u tre , nous avions souvent entendu
dire aux interprètes, et toujours leurs discours
etofent l’expression de la pensée du
bounio, que, malgré la réponse peu favorable
du gouvernement japonois,l’espoir d’une liaison
amicale entre la Russie et le Japon n’é—
toit pas encore entièrement évanoui; q u e ,
de notre côté, il falloit seulement procéder
avec circonspection. Ils me proposèrent même
un moyen que je passe sous silence, parce
qu’il interromprait le fil de ma narration.
Notre entretien fini, les Japonois montrèrent
à M. Ricord la traduction en russe de
la déclaration du gouverneur de Matsmaï ; il
présenta, de son côté, les papiers exigés que
Teské traduisit en japonois, et les alla montrer
à ses supérieurs; c eu x -c i nous firent savoir
qu’ils en étoient contens. Alors les Japonois
nous régalèrent de thé et de su c re , sans e x primer
le moindre mécontentement de la
longueur de notre conversation. Quand nous
nous séparâmes, j’accompagnai M. Ricord
jusqu’à la chaloupe. Il retourna à bord, et
moi à mon logis.
Mes compagnons attendoient mon retour
avec impatience. Je leur racontai tout ce que
M. Ricord m’avoit appris des événemens politiques
de l ’Europe, de l ’invasion des François
en Russie, enfin des détails sur nos pa-:
rens et sûr nos amis. Je ne leur cachai que
deux circonstances; l ’un e , que les Japonois
avoient déjà été instruits par Tàcatàï-Caki des
instructions remises à M. Ricord concernant
la fixation des limites; l ’a u t re , que Kisseleff
l ’interprète étoit un Japonois. Je fis un secret
de ce dernier point pour n’éveiller ni crainte n i
soupççn dans l’esprit de mes compagnons q ui,
remplis de défiance, doutoient jusqu’au dernier
moment de la loyauté des Japonois.
Les circonstances liées à l ’expédition de
M. Ricord à Matsmaï, nous prouvèrent corn*
bien nous avions d’obligations à M. de T re s -
k in , gouverneur c iv il d’Irkoutsk, et à M. Ricord,
ainsi qu’on le verra par la relation de
ce dernier. Je dois dire, avec reconnoissance,
que la résolution hardie de M. Ricord de v e nir
conférer avec les délégués du gouvernement
japonois dans la v ille de Chakodade,
contribua beaucoup à l ’heureuse issue de