et nous amena, avec le consentement des autorités,
quelques cu rieu x de ses amis; nous
en fûmes bien aises, parce que cela nous fourn
it 1 ’occasion de lui prouver que nous savions
apprécier les grandes obligations que nous lu i
avions. Nous offrîmes des présens à ces Japonois,
qui ne voulurent absolument accepter
que des bagatelles, et encore avec la permission
de Caki.
L e troisième jo u r , Caki arriva de bonne
h eu re , suivant sa coutume ; son visage rayon-
n oit de joie ; i l venoit m ’annoncer que l’on m’ac-
cordoit la permission d’avoir une entrevue
avec M. G olovnin et les autres Russes. Quelle
heureuse n ouv e lle ! car jusqu’alors, quoique
nous eussions eu la faculté d’écrire à notre capitaine,
nous ne recevions en réponse que des
billets très-courts, o u , à proprement parler,
des accusés de réception de nos lettres; ce
q u i prouvoit évidemment que les Japonois
lisoient ce qu’il écrivoit, et i l fa llo it, en conséquence
, apporter à cette correspondance la
plu s grande circonspection. Dans la so iré e ,
Caki nous apporta une preuve irrécusable
qu’il avoit v u nos compatriotes ; c’étoit un
b ille t de M. Golovnin, qui exprimoit son contentement
d’avoir fait la connoissance de ce
digne Japonois. Le lendemain, Caki v in t
mettre le comble a ma joie, en me disant que,
le jour suivant, je me rencontrerois, avec
M. Golovnin et deux de ses matelots, dans la
meme maison où j’avois eu mon audience solennelle.
Teské l ’interprète, l ’academicien,
1 interprète hoUandois, et quelques fonctionnaires
publics de grade inférieur de voient
assister à notre entrevue. La chaloupe du
gouverneur devoit ven ir me prendre, et j ’avois
la liberté d’emmener lennême nombre
d hommes armés que la première fois. Je ré pondis,
sur ce dernier a r tic le , que , comme i l
ne s’agissoit que d’une entrevue particulière,
les deux pavillons resteroient arborés sur la
chaloup e , quand j ’irois à terre, et que je ne
ïne ferois accompagner que de mes officiers,
de l ’écrivain de la co rv e tte , et de cinq matelots
sans fusils, pour qu’ils eussent le plaisir
de revoir deux de leurs camarades. L e lendemain,
à dix heures, Caki v in t me prendre, et
j entrai dans la chaloupe du gouv erneur avec
les personnes que j ’avois désignées.
En approchant du r iv a g e , j ’aperçus, à la
porte de la maison, M. G o lo vn in , v ê tu d’un
riche habit de soie taillé à l’européenne, et
le sabre au côté. A sa v u e , oubliant le céré