tm petit village éloigné à peu près de" d i s
verstes de Matsmaï. Un des premiers magistrats
de cette v ille , et Teské notre interprète,
y vinrent au-devant de nous avec un détachement
de troupes impériales. Nous fîmes
halte. Le magistrat ne proféra pas une parole;
son visage n’annonçait ni colère ni ressentiment;
mais Teské nous adressa des reproches
sur notre évasion, et se mit à nous fouiller.
Un des matelots lu i ayant dit qu’il pou vo it
s’épargner cette p e in e , parce qu’il ne trouveront
r ien , Teské lu i répondit : cc Je le sais
« b ie n , mais la loi le v eu t ainsi. » Dans ce
v illa g e , l ’officier qui nous avoit arrêtés, et
ses soldats, mirent leu r habit de parade;
comme il p leu vo it, ils le couvrirent d’un
manteau qu’ils quittèrent ensuite au x approches
de la v ille . Us réglèrent le cortège,
e t nous fîmes notre entrée à pas mesuré.
L ’affluence des spectateurs étoit immense ,
malgré le mauvais temps; et, comme chacun
a vo it déployé son parapluie pour se mettre à
c o u v e r t , il en résultait un coup d’oeil assez
bizarre. Vo ici l ’ordre de la marche : D eu x
guides, avec des baguettes à la main, mar-
çhoient en avant de chaque côté ; ils étoient
puivis de n eu f soldats de f ile , le fusil sur l’é r
paule et s’avançant fièrement;nous venions ensuite
l ’un après l ’autre , ayant un soldat de
chaque côté; derrière nous marchoient de file
n eu f .autres soldats armés; la marche étoit terminée
par l’officier qui nous avoit pris. Monté
sur un ch e v a l, et vêtu d’un riche habit de
soie , il lalssoit tomber ses regards sur la
fo u le , comme un vainqueur ivre de g lo ire ,
q u i s’attend à recevoir,de ses concitoyens, des
témoignages de gratitude et des couronnes de
laurier.
On nous conduisit directement au château.
Précédemment nous allions jnsque dans lâ
cour avec nos bonnets sur la tê te ; maintenant
i l fallut les ôter à la porte. On nous fit
asseoir sur des bancs dans l’antichambre de la
salle du tr ibun a l, et l’on nous servit du r iz ,
des raves marinées, et du thé sans sucre.
Nous fûmes ensuite introduits dans la salle;
quelques instans après, M. Moor et A le x is y
entrèrent aussi, et furent obligés de rester à
quelque distancé de nous. T ou s les fonctionnaires
publics étant arrivés et ayant pris leu r
place, le gouverneur parut. Sa physionomie
n’annonçoit aucun changement dans ses sen -
timens pour nous ; elle étoit calme et sereine,
et n’exprimoit aucun mécontentement de