ponois, je le lu i montrai sur mon liv re de
no te s , où ce dernier l ’a voit écrit avec le nom
deMatsmaï, son lieu de naissance. C a k i, après
l ’avoir lu , me dit qu’il n ’y avoit pas eu de
commerçant de ce nom à I touroup, et qu’il
en étoit bien sûr; car il connoissoit tous c eux
q u i étaient dans cette île , ou bien y a voient
e te , et il se mit à me les nommer. Alors je lu i
répétai les noms que Léonsaïmo s’étoit donnes
et qui étoient: Nagatschéma, Tomogero,
Corodsi. A ce dernier, Caki s’écria d’un air
surpris et en riant : cc Corodsiaï, ah ! je le conte
îiois. Il s’est fait passer en Russie pour un
« Oyagoda». « Oui, repartis-je, et pour un
« homme riche. » « Il „ ’a jamais eu en sa poste
session même un méchant baïdar», repr
it C ak i, « il étoit banine (inspecteur des
« pêcheries); on l’employoit au travail des b u -
« re au x , parce qu’il écrivoit bien. I l n’est pas
et de Matsmaï, il est n a tif de la principauté de
« Nambou, et a épousé la fille d’un K ou rile
« v e lu .» — Caki prononça ces derniers mots
d un air de mépris, et fit de la main un mouvement
vers son cou pou r indiquer que si
1 on savoit au Japon quel rang Léonsaïmo
s’étoit donné mal à propos , il lufen coûterait
la tête.
Cette découverte inattendue me fit croire
que les Japonois que j ’avois expédiés au commandant
de l ’île de Kounaschir, avoient pu
agir avec perfidie par un effet des suggestions
artificieuses que le désir de la vengeance lu i
avoit dictées. A u re s te , il étoit évident que
j ’avois à tort attribué à la peur la disparition
du Japonois qui avoit porté ma le t t r e , et
l ’éloignement de Léonsaïmo qui l ’accompa-
gnoit au fort. D’après ce que me dit Caki, les
lois japonoises défendent au x sujets de l ’empire
qui sont restés plus d’un an dans les
pays étrangers de retourner, sous aucun
pré tex te , dans le sein de leur famille en revenant
dans leur patrie. Ils sont envoyés à
Iédo pour que leur conduite y soit examinée
, et ils y passent ordinairement le reste
de leur vie sans espérance de revoir, jamais
leurs proches. Les Japonois en question n’é -
toient restés qu’un an au Kamtschatka, et
cette seule raison expliquoit pourquoi ils
n’avoient pas reparu. Après avoir quitté les
côtes orageuses du Japon, nous nous tro u vâmes,
par le travers.des K o u r ile s , en face
du canal de la Boussole , ainsi nommé par
le célèbre La Pérouse. Le temps étoit assez
clair pour nous permettre de faire quelques
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