et dirent qu’il 8’étoit conduit en tout comme un
véritable Japonois, car leurs règles militaires
leu r prescrivent d’attirer autant qu’il est possible
l ’ennemi dans l ’intérieur du pays, ensuite
de rassembler des troupes de tous côtés
et de l’enfermer. Nous rîmes de cette comparaison,
et nous nous dimes en plaisantant les
uns au x autres: l ’amour-propre des Japonois
Va leur faire croire que notre immortel K o u -
tousoff a peut-être appris la tactique dans les
liv re s que Chvostoff leur a v o lé s .
L e 5 octobre, nous eûmes la permission de
v o ir Tacatai-Caki pour la première fois. I l
v in t avec les interprètes à son retour de la
Diane. Ce vénérable vieillard ne pouvant pas
s’énoncer en russe, eut reco urs aux interprètes
pou r se faire comprendre.il parla deM. Ricord,
des officiers, de tout l’équipage de la corvette
et en général des Russes qu’il avoit connus
au Kamtschatka, avec les plus grands éloges
et la plus sincère reconnoissance. Comme il
avo it quitté la Russie depuis assez peu de
temp s, nous voulions l’interroger sur beaucoup
d’objets, mais il ne put pas satisfaire
notre curiosité, parce que les choses qui nous
intéressoient lu i étoient inconnues. En se retirant,
i l me pria d’écrire à M. Ricord qu’il
nous avoit vus. Je remplis ses désirs, et il se
chargea de remettre lui-même la lettre.
Enfin, les interprètes nous annoncèrent,
par ordre supérieur, que le gouverneur avoit
trouvé les papiers apportés par M. Ricord
complètement satisfaisans, et avoit résolu de
nous mettre en liberté. A v an t notre départ,
je devois avoir à terre une entrevue avec
M. Ricord. En vo ic i les motifs : Comme je
connoissois la sévérité des lois du Japon, ainsi
que la ponctualité avec laquelle elles sont
exécutées, et que j ’é to is, en quelque sorte, au
fait des moeurs du p a y s , je devois instruire
M. Ricord des points suivans; premièrement,
que les Japonois n’avoient pas la moindre
animosité contre la R u ssie , et que néanmoins
le gouverneur ne pouvoit pas accepter les
présens qui lu i avoient été envoyés ; car s’i l
les p ren o it, i l falloit qu’il en f ît d’autres en
retour ; o r , la lo i s’y opposoit. Les Japonois
nous prioient donc de ne pas concevoir de
ressentiment de ce que nos présens n’étoient
pas reçus; secondement, la lettre du commandant
du cercle d’Ochotsk contenoit une réponse
satisfaisante à la demande envoyé e dans le
courant de l ’année à M. Ricord; par conséquent,
il ne seroit fait mention que de celte