que pour le moment ils alloient se borner â
la lir e , afin que nous leur fissions connoître
notre opinion sur son contenu. Elle me parut
très-bien rédigée ; je remerciai les Japonais de
leur résolution, qui peut-être épargneroit à
leu r pays et à la Russie une effusion de sang
in u tile , et je leu r assurai que notre gouvernement
feroit certainement une réponse satisfaisante.
Le conseil me dit alors q u e , dans le
cas où nos bâtimens arriveroient dans le port
de Matsmaï même ou dans celui de Chako-
dade, l ’on avoit l ’intention de dépêcher à bord
cette lettre avec un ou deux de nos matelots.
Je donnai mon approbation entière à ce plan,
parce que les matelots pouvoient convaincre
nos compatriotes, par le témoignage de leurs
y e u x , que nous vivions encore , et je démandai
la permission de pouvoir aussi écrire dé
petits billets comme preuve que nous nous
portions bien, et de les expédier avec les lettres
a u x ports désignés. L e conseil y consentit,
en observant toutefois que ces billets devoient
être aussi courts qu’il seroit possible, et préalablement
recevoir l ’approbation de la capitale
où ils seroientenvoyés. On nous conseilla
donc de les rédiger au plus tô t, et je m’en occupai
dès que je fus de retour à notre logis.
( )
Nous travaillâmes ensuite à la traduction,
de la lettre japonoise, besogne à laquelle
M. Moor et Alexjs purent aussi assister.
A cette époque, le savant et l ’interprète
hollandois nous firent leur première visite.
Elle se passa en complimens. Il ne fu t pas dit
un seul mot du but véritable de leu r voyage.
Ils nous apportèrent des confitures, et nous
prièrent de leu r prêter pour quelques jours
un dictionnaire français , ainsi que deu x autres
livres dans cette langue.
Sur ces entrefaites, M. Moor me fit une proposition
très-singulière. « Il ne convient pas,
« me d i t - i l , que vous alliez le premier à bord
« de nos bâtimenS, car vous êtes la cause de
« notre malheur. André Iliitsch (M. C h leb -
« nikoff) est dangereusement malade, et les
« matelots sont trop stupides pour pouvôir
c< faire quelque chose de raisonnable ; il faut
« donc m’y en vo ye r avec deu x matelots et
« A lex is , parce que celui-ci est déjà prison-
« nier des Japonois depuis trois ans. Comme
« je ne puis pas moi-même faire cette d e -
« mande au x Japonois, c’est à vous à la leur
« présenter, car votre bonheur en dépend.
« Si vous le néglig e z , nous sommes perdus.»
— «Comment donc, répliquai-je ?— « C’est ce