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Ensuite i l me remit un dessin de la maison
disposée pour l’entrevue. Les soldats ja-
ponois étoient représentés assis en dehors à
genoux; dans la p remière pièce se tiendroient
les fonctionnaires publics des classes in férieures.
C’est là que je devois ôter mes bottes,
mettre mes sou lie rs, et ensuite passer devant
une file de ces fonctionnaires à genoux. Sur
u n côté de la salle d’audience étoient marquées
les places des deu x principaux magistrats, à
gauche celle des in te rprè te s, à droite celle
d ’u n académicien qui étoit ven u exprès pour
faire des observations sur le bâtiment de
guerre ru sse, et re cue illir des Européens diverses
connoissances. Dans le milieu de la
salle, vis-à-vis des principaux magistrats, étoit
ma p la c e , et derrière moi celle de mes officiers.
Les gardes, portant les fusils et les drapeaux
, devoient se ranger en ligne devant la
porte ouverte de la maison.
Après avoir concerté avec nous tout ce qui
étoit re la tif à notre réception , Caki nous
quitta, en nous promettant que , le lendemain,
à midi, si le temps lepe rme tto it, i l viendroit
me prendre dans la chaloupe de parade.
Je pensai alors à K is se le ff , notre interprète,
que je devois mener à terre avec moi. Je con-
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tioissois la sévérité des lois japonoises contre
les sujets de l ’empire qui embrassent la re ligion
chrétienne et entrent au service des
étrangers. Quoique K ise le ff, par dévoûment
pour la R u ssie , eut signé la lettre qu’il avoit
traduite, comme Russe né d’une Japonoise',
néanmoins sa connoissance profonde de la
langue japonoise devoit le trahir à l ’instant,
et les suites de cette découverte pouvoient
etre tres-facheuses pour lu i. Je lu i demandai
en particulier s’il vou lo it s’exposer à ce danger.
« Qu’ai-je à craindre , » me rép on d it-il?
<c S ils vous arrêtent, ils nous arrêteront tous;
(< Ils ne me prendront pas tout seul. Je ne
« suis plus Japonois. Emmenez - moi avec
« v o u s , je vous en prie, afin que je puisse
« m’acquitter de mon devoir. La négociation
« sera d’une grande importance. I c i, sur la
« corve tte , je n’ai pas pu vous être trè s -
« utile. Pourquoi-donc aurois-je soutenu les
« fatigues d’une longue et pénible traversée,
« si maintenant je devois rester à bord ? »
Je consentis avec plaisir à l’emmener, ainsi
que deux officiers, qui m’avoient témoigné le
plus v i f désir de m’accompagner.
L e lendemain, un peu avant m id i, la chaloupe
de parade, ornée de pl usieurs pavillons,