près , sur le rivage , une tente. Nous allions
examiner le bateau; Schkaïef qui comptoit
trouver quelque chose à manger dans la tente,
y alongea la main, et attrapa le visage d’un
homme endormi, qui se mit aussitôtà pousser
des cris. Craignant qu’ils ne fissent lever les
habitans du v illa g e , et ne sachant pas d’a illeurs
si le bateau pourroit tous nous contenir,
nous nous' éloignâmes, et nous tapîmes derrière
des pierres. Deu x de nous cependant
retournèrent sur leurs pas pour prendre con-
noissance du ' bateau; ils y aperçurent un
homme qui regardoit de tous côtés. Bien persuadés
qu’il ne faisoit pas bon pour nous en
ce lieu , nous poursuivîmes notre chemin le
long du village. Av an t d’a rriver à son autre
e x trém ité , nous vîmes un grand bateau halé
a terre tout contre les maisons; il nous parut
tres-convenable pjpur notre dessein ; mais le
grand éloignement où il se trou voit de la mer,
nous otant l ’espoir de pouvoir le mettre à
flo t, nous passâmes outre. Bientôt nous aperçûmes
sous un hangar un autre grand bateau
q u i, a 1 exception de voiles dont nous étions
m u n is , avoit tout ce qu’il falloit pour navigu
e r , et jusqu’à de petits seaux qui eussent
pu nous servir à mettre de l’eau ;de vent et le
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temps étoient extrêmement favorables : contre
temps im p r é v u , le bateau étoit enfoncé
dans l ’eau d’un cô té , il falloit le retourner
pour le mettre à flot; par malheur, nous n’en
avions pas la force : s’il n’eût eu que l ’avant
ou l ’arrière dans la m e r, il y eût eu moyen
de le dégager ; puis, après avoir pris par force
des vivres dans la première maison de bonne
apparence, pousser au large. T o u t cela étant
impossible, nous nous contentâmes d’emporter
un pot qui se trouvoit dans le b ateau,
afin de nous en servir pour b o ire , et nous
continuâmes à marcher.
L ’approche du jou r nous chassa de nouveau
dans les montagnes. Celle où nous nous trouv
ions n’offroit que de petits buissons épars
sur sa surface pelée. T o u t autour de nous
passoient des sentiers, le bord d e là mer étoit
parsemé de villages. Une forêt épaisse où nous
eussions pu nous ca ch e r, étoit si éloignée,
qu’il nous auroit fallu beaucoup de temps
pour y atteindre;ainsi, contraints p a r la nécessité,
nous nous assîmes entre les buissons.
Le temps étoit clair et serein. T ou t en faisant
sécher nos habits, nous formions de n ouv eau x
plans pour l ’exécution de notre entreprise. Il
étoit évident que nous n ep o u v ion s pas nous