breuses observations sur la navigation, ne
pouvoit pas être un homme inconnu à son
gouvernement. Ses manières distinguées
prouvoient qu’il appartenoit à la classe des
gens bien élevés. Comme j’étois la cause du
sort contraire qu’il éprouvoit, j’éprouvois une
certaine consolation en voyant qu’il n’étoit
nullement abattu. A u contraire, il m'ontroit
une grande tranquillité d’esprit, et nourrissoit
l ’idée vraiment patriotique de pouvoir certifie
r , à son retour dans son pays, que le
gouvernement russe n’entretenoit aucun proje
t hostile contre le Japon; et il assuroit, sur
sa tê te , qu’une ambassade de notre nation à
Nangasaki procureroit certainement la liberté
de nos compatriotes. Quel contre-temps, de
ce que possédant au milieu de nous un
homme si éclairé, et qui nous étoit vraiment
attaché, je n’eusse pas auprès de moi l ’interprète
japonois d’Irkoutsk ; et de p lu s , il étoit
impossible qu’il arrivât au Kamtschatka avant
l ’année suivante. Heureusement que, grâce au
désir mutuel de nous entendre, Caki appritle
russepenclantl’h iver, et nous pûmes converser
sans difficulté, même sur des sujets abstraits.
Je lu i racontai toutes les démarches inconsidérées
qui avoient occasionné la mauvaise
humeur des Japonois, notre ambassade à
Nangasaki dont l ’issue avoit été si peu avantageuse,
ete. Il me dit que, lorsque l ’on avoit
appris l ’arrivée des bâtimens russes à Nangasa
k i, tous les Japonois avoient désiré ardemment
de vo ir leur pays lier des relations de
commerce avec la Russie; et que certaines
circonstances ( il les qualifia de rupture v io lente),
qui avoient eu pour résultat le renvoi
de l ’ambassadeur, avoient causé à l ’universalité
des ha^itans un mécontentement extrême
contre le gouvernement. Après nous a vo ir
communiqué des détails sur sa patrie, et e x primé
le voe u de vo ir le commerce ouve rt
entre elle et la Russie, il répétoit souvent :
« Je reconnois le doigt de Dieu dans mon
* infortune; i l m’a choisi pour son instru—
<c ment. Je n’avois pas des raisons bien p u is-
« santés pour entrer dans la baie de K o u -
«/naschir, le hasard m’y amena; je n’étois pas
« allé dans cette île depuis cinq ans. L ’acc i-
« dent qui rn’est arrivé vous a empêchés de
c< tenter une attaque contre notre établisse-
(( ment ; j ai par la sauve la v ie de quelques
« douzaines de Russes, et de deu x à trois
« cents Japonois. Cette pensée me rend de
nouvelles forces, et j’espère, malgré ma