tin plan d’Irkoutsk, de ses rues et de ses édifices
publics ; il confessa naïvement qu’il
n’avoit rien regardé dans cette ville. « Les
« Russes défendent-ils donc de s’y promener,
« lu i demanda le bounio? »— Non seulement
« ils le permettent, reprit Léonsaïmo, mais
« ils nous conseilloient de sortir pour notre
«c santé, autant que nous le pourrions, et
« d’aller de côté et d’autre; le gouverneur
« lui-même nous y a invités plusieurs fois.»
« .— Pourquoi donc n’as-tu pas profité de la
<c bonté des Russes, continua le bounio, pour
« examiner attentivement la v i l le , afin d’être
« en état de la décrire exactement à ton
« retour ? » Léonsaïmo fu t encore obligé de
convenir qu’il avoit eu tort, et de se recommander
à l’indulgence des magistrats. On lu i
demanda ensuite s’il avoit assisté à une fête
russe. « O u i, r é p liq u a - t- il, et à une des plus
ce grandes. Tous les soldats d’Irkoutsk font la
« parade ce jou r -là , et on tire beaucoup de
te coups de canon. »— ( c’étoit la fête de l ’Epi-
cc phanie.) — « L e gouverneur, continua-t-il,
<c m’avoit dit de sortir de bonne heure, afin
« de v o ir la cérémonie , et de me promener
cc l ’après-midi dans les rues où je rencontre-
« rois le peuple dans ses habits de fête; je
« sortis donc le matin, je vis les soldats;
« mais tout-à-coup le bruit des décharges
« de mousqueterie et d’artillerie me causa
« un si grand effroi , que je pris mes jambes
« à mon cou et je courus à mon logis où je
« restai enfermé. »
Cet aveu sincère v a lu t encore à Gorodsi
l ’épithète de so t, parce qu’il avoit perdu l ’occasion
de vo ir le s cérémonies d’une solennité
et les habits de fête des Russes. « Mais que
« faisois-tü donc chez to i, luidemanda-t-on ? »
— «J’écrivoïs mes observations.»Cette réponse
fit partir d’un nouve l éclat de rire les d eu x
gouverneurs et toutes les personnes présentes.
On finit par le questionner sur la nature de
ces observations: « Comment as-tu pu en
«c faire, lu i d it-on , puisque tu ne voulbis
« rien voir. »— « J ’écrivois, r é p liq u a - t- il, ce
« que j’éntendois dire à mes compatriotes. »
I l avoit apporté un gros cahier rempli de ces
observations. Teské nous assura qu*il s’y
trouvoit beaucoup de notes sur la Sibérie et
sur le commerce avec la C h in e , par K ia ch ta ;
d’ailleurs, il ne put ou ne vo u lu t pas entrer
dans aucun détail sur ce sujet. Cependant les
gouverneurs n’accordoient pas une grande
confiance à ces remarques de Léonsaïmo. S i,
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