notre conduite. Quand il se fu t assis, il nous
demanda, avec son affabilité o rdinaire, quels
motifs nous avoient portés à nous évader. Je
priai les interprètes de lu i dire qu’avant de
repondie a sa question, je de vois lu i déclarer
que j ’étois seul cause de tou t, et que j ’avois
obligé mes compagnons à s’enfuir malgré
e u x ; qu’ils avoient par devoir obéi à mes
ordres, parce que s’ils ne s’y fussent pas conformés,
ils eussent, à notre retour en Russie,
répondu de cet acte d’insubordination. J ’ajoutai
que Io n pouvoit me punir de m o rt,
mais que 1 on ne devoit pas toucher un seul
cheveu de mes compagnons, « Si l ’on juge
« nécessaire.de vous faire mourir, répliqua
« le b o u n io , on le p e u t , sans vous demander
« votre opinion psi l ’on trouve au contraire
« que ce n ’est pas nécessaire, vous aurez
« beau le demander, on ne vous écoutera
« pas; mais dites-moi, pourquoi vous êtes-
« vous évadés? »— « Nous nous sommes ente
fu is , parce que nous n’avions pas même le
« plus foible espoir d’être mis en liberté;
<( to u t, au contraire, nous donnoit lieu de
« présumer que l ’on ne pensoit pas à nous
« relâcher. » « Qui donc a pu vous faire
<c concevoir ces idées? Ne vous avois-je pas
ec dit que les Japonois ne, vous garderoient
ce p a s éternellement en captivité? » — « L e s
« ordres arrivés de la capitale, sur l’accueil à
« faire aux bâtimens russes, et les préparatifs
« qui en ont été le résultat, ne nous promet-
« toient rien de bon. »—- « D’où sa v e z -vou s
« cela? » — « Teské nous a tout découvert. »
— Alors le gouverneur interrogea Teské, mais
nous ne pûmes comprendre ce qu’il lu i dit.
T e s k é , en répondant, pâlit et rougit tour à
tour.
Le gouverneur q u i , jusqu’a lo rs, n’avoit
adressé ses questions qu’à m o i, se tournant
vers M. Chlebnikoff et les matelots, leu r demanda
pourquoi ils s’étoient enfuis. Ils répondirent
qu’ils avoient obéi à l ’ordre que je
leu r avois donné comme leur commandant :
M. Moor se mit à rire , et dit au x Japonois que
ce n’étoit pas v r a i, parce qu’ils auroient p u ,
.comme lu i , se dispenser de m’obéir et rester.
I l traita les matelots de fo u s , et assura au x
Japonois qu’en Europe les prisonniers ne s’é-
vadoient pas. L e gouverneur et ses collègues
eurent l ’air de ne pas faire une grande attention
au x discours de M. M o o r, et le premier
continua son interrogatoire sur notre fuite. Il
vo u lu t savoir exactement et dans le plus grand