P R EM IÈ R E SE C T IO N .
D e z ’ O s t é o l o g i e d e s T o r t u e s v i v a n t e s .
A r t ic l e premier.
D e la Tête.
. L e s s o u s - g e n r e s d e s t o r t u e s d i f f è r e n t e n t r e e u x p a r l a t è t e b e a u c
o u p p lu s q u e c e u x d e s c r o c o d i l e s , e t ij e s t n é c e s s a i r e d e le s d é c r i r e
s é p a r é m e n t ( r ) : ■
Dans les tortues de terre , telles que la grande tortue indienne
(pl. X I , fig. 17— 20), la tête est ovale, obtuse en avant; l’intervalle
des yeux est large et bombé; l’ouverture des narines grande, plus
haute que large, un peu couchée en arrière; les prbites grands,
presque ronds,- encadrés de toute part, dirigés de côté et un peu en
avant. La région pariétale du crâne s’aiguise en arrière en une grande,
épine occipitale très-saillante, et a de chaque côté deux très-grandes .
fosses temporales sous lesquelles sont deux énormes caisses ; en arrière
de ces caisses et un peu en dessus saillent deux grosses protubérances
mastoïdiennes, et sous elles sont les apophyses qui servent
à l’articulation de la mâchoire inférieure. Ces apophyses descendent
—(r) M. TViedemann a décrit les os d’ une tête de tortue terrestre ( testudo tabulata ) , Archiv,
zool. , vol. I I , cali. 3 , p. 181 et suiv. Il a bien connu les six occipitaux, les pariétaux , les
frontaux, le frontal postérieur, la caisse. Mais il a pris le rocher pour la partie écailleuse du
temporal ; il a indiqué le mastoïdien sans le nommer ; il a donné à mon temporal le nom de
ju gal, et à mon jugal celui de morceau détaché du maxillaire. Il a pris les frontaux antérieurs
pour des nasaux, et les palatins pour des lachrymaux ; il n’a pas distingué le vomer
du corps du sphénoïde.
M. Spix a donné aussi, sous le faux nom de caret, pl. IV , fig. 12— i 5 de son Cephaloge-
nesis, une tortue qui n’est nullement marine, comme il le croit, mais bien terrestre, et
d’une espèce approchante du T . marginata, si ce n’est pas le T . marginata lui-même. Nous
verrons dans le texte les points sur lesquels je„ diffère de ce savant anatomiste dans la détermination
des os. Il donne dans le même .ouvrage, pl. I X , fig. i 3 , la tête du testudo orbi-
cularis.
verticalement, et ne se portent pas en arrière comme dans le crocodile.
En dessous, fig. 19, la région basilaire est plane, la palatine
concave; et c’est à la partie antérieure de celle-ci que s’ouvrent les
arrière-narines osseuses, les palatins n’ayant point de plancher palatin,
et la partie palatine des maxillaires étant évidée jusques au
quart antérieur du museau ; disposition que rendoit nécessaire la
manière dont les tortues respirent, et qui ressemble autant à celle
des grenouilles qu’ elle diffère de celle des crocodiles.
La région occipitale est au total verticale, quoique l ’épine occipitale,
les protubérances.mastoïdiennes et le condyle articulaire de
la tête, qui est un tubercule très-saillant , la rendent fort inégale.
Le premièr trait remarquable de la composition de la tête des
tortues, c’est qu’il ri’y a point d’os du nez.
Dans l’animal frais, les narines osseuses extérieures sont rétrécies
par des lames cartilagineuses qui représentent ces os; mais, dans le
squelette on trouve immédiatement à leur bord supérieur l’os frontal
antérieur (<z, a ) , qui prend sa place ordinaire dans le cadre de l’orbite,
s’articule aussi, comme à l’ordinaire, à l’apophyse anté-orbitaire
du maxillaire ( ô , b ) , descend en dedans de l’orbite, en a ', forme
la cloison antérieure qui sépare l’orbite du nez , et s’articule inférieurement
avec le palatin ( c , c) et le vomer (d) , laissant entre lui,
le maxillaire et le palatin un trou oblong, qui donne dans les arrière-
narines.
La cavité osseuse du nez est oblongue, et formée par les maxillaires
, les intermaxillaires ( è , e ) , le vomer, les deux frontaux antérieurs
et les frontaux principaux { ƒ , / ) . L ’étendue des frontaux antérieurs
et l’absence des nasaux fait que les premiers s’articulent l’un
avec l’autre, et qu’ils s’étendent au-dessus de l’orbite et en dehors
des frontaux principaux jusqu’aux frontaux postérieurs ( g , g) dans
cette espèce, ou très-près d’eux dans quelques autres (1). (*)
(*) Bien que les caractères de ces frontaux antérieurs soient fort apparens, ils n’ont pas
ete reconnus par M. S p ix , qui les croit des os propres du nez ; oubliant que les os propres
du nez ne vont jamais fournir des parois à l’orbite. Il est vrai que s’il les eût reconnus pour
ce qu ils sont, il n’auroit pu continuer à regarder les frontaux antérieurs, en général,
T. Y , 2e. P. a3