dire que l’os maxillaire n’est séparé de celui du front par aucune
suture (i) : leur squelette, que nous possédons encore, en a de fort
reconnoissables ; mais il n’est pas aussi aisé de rapporter chacun
des os à son analogue dans l’homme et dans les autres animaux
que de les compter, et les anatomistes diffèrent beaucoup entre eux
à ce sujet.
M. Geoffroy, qui a porté très-loin ce genre de recherches, et qui
a comparé dans cette vue des têtes de toutes les classes et de tous
les âges, est une autorité respectable en cette matière; cependant
MM. Spix, Oken et Bojanus, qui s’en sont occupés depuis, ne l’ont
pas suivi en tout; et moi-même, dans lés recherches que je fais depuis
long-temps pour ma grande Anatomie comparée, et dont j’ai donné
le résumé dans les Annales du Muséum, t. X IX , j’ai adopté une
manière de voir qui ne rentre entièrement dans celle d’aucun de ces
savans. C’est celle que je vais exposer aujourd’hui.
J’aurois désiré qu’il me fût possible d’éviter au lecteur les discussions
polémiques où cette différence d’opinion et les égards dus à des
hommes aussi respectables m’ont obligé d’entrer ; j’ai eu soin du
moins de les rejeter dans des notes, afin de n’en point trop embarrasser
mon exposition.
La composition de la tète étant la même, sauf les proportions des
parties, dans tous les crocodiles proprement dits, et le choix de l’espèce
où on la présenteroit se trouvant en conséquence à peu près
indifférent, nous avons préféré de faire dessiner la tête du crocodile
à losange, qui n’étoit point représentée dans notre pl. I. On la voit
pl. III: en dessus, fig. i; en dessous, fig. 2; de côté, fig. 3 ; et en
arrière, fig. 5 : la fig. 4 est sa mâchoire inférieure vue à la face interne,
l’externe étant déjà représentée fig. 3,
C’est sur ces figures que nous prions le lecteur de suivre nps descriptions
et nos raisonnemens.
Le museau du crocodile est allongé et déprimé. L’ouverture ex-
.(r) Ifiém. pour servir à VHist. des A nim., in-4°. > t. I I I , p. 178,
tériêure des narines, placée près de son extrémité antérieure, est
dirigée en dessus, à peu près comme dans le lamantin.
Il n’y a qu’un seul trou incisif, parce que les intermaxillaires n’ont
pas d’apophyses mitoyennes : c’ est encore le cas du lamantin.
Les intermaxillaires, a , a ( fig. i, 2 et 3 ) , entourent les narines,
externes, excepté un endroit fort étroit ou la pointe des os nasaux,
h, h , se place entre eux. Il en est plus ou moins ainsi dans la plupart
des mammifères, .
De chaque côté le maxillaire, b, ¥, supporte en arrière le jugal,
c , qui va former le bord extérieur de l’orbite; ce bord seroit 1 inférieur
dans la plupart des animaux, mais il est ici 1 extérieur, parce
que l’ouverture de l’orbite est dirigée vers le haut.
.En dessous (fig. 2)les palatins, e , e , prolongent le plafond fourni
à la bouche par les intermaxillaires, a , a , et par les maxillaires b , b ;
mais ils le prolongent en le rétrécissant, parce qu’ils laissent un vide
entre eux et les prolongemens des maxillaires, V, b', qui portent les
jugaux, c , b , lequel vide sert pour le passage des muscles crota-
phites.
Le lachrymal, i , i , occupe sur la joue un espace oblong entre le
nasal, h , le maxillaire, b, et le jugal c. Il rentre dans l’orbite par un
plan contigu au jugal et au maxillaire.
Dans ce-plan, que l’on ne peut voir dans nos figures, est percé,
le canal lachrymal.
Tout cela est exactement comme dans les mammifères : mais voici
où commencent les différences.
Dans les mammifères, le frontal, H , commenceroit immédiatement
au bord interne de ce lachrymal, et occuperoit tout l’espace
entre les deux lachrymaux au-dessus du nasal; il descendroit dans
le fond de l’orbite pour s’articuler largement au palatin et au sphénoïde
antérieur; et dans les genres tels que les quadrumanes ou les
ruminans, qui ont le cadre de l’orbite complètement osseux, il don-
neroit en arrière une apophyse qui s’uniroit au jugal pour entourer
l’orbite.
Dans le crocodile il n’en est pas ainsi. U y a bien un frontal, H ,