en séries régulières dans le sens longitudinal aussi bien que dans le
sens transversal. Le bord postérieur de l’une recouvroit la base de
celle qui la suivoit.
Le bloc de l’Académie de Gaen offre presque toutes celles d’un
côté djjns leur situation naturelle. On voit que depuis la première
des vertèbres dorsales conservées jusqu’à la naissance de la queue il
y en avoit quinze ou seize rangées transversales, et que chaque
rangée en contenoit cinq de chaque côté ; en sorte qu’il y en avoit
au moins dix rangées longitudinales.
Il reste à déterminer les dimensions de cette espèce, ou du moins
des individus dont on a les débris.
Diaprés le bloc de M. Lamouroux, la tête, dont on y voit l’empreinte
, étoit longue au moins de 1,08, ou de trois pieds quatre
pouces à peu près, depuis le bout du museau jusqu’à l’épine occipitale.
La plus grande des têtes de gavials du Muséum n’a ce même intervalle
que de deux pieds quatre pouces; et il est aisé, d’après les
données de la première section de ce chapitre, de conclure que l’individu
auquel elle appartenoit étoit long de plus de quatre mètres et
demi ou de près de quinze pieds. Si l’on pouvoit supposer que la
proportion de la tête au reste du corps étoit la même dans le crocodile
de Caen, on en concluroit que sa longueur totale étoit déplus
de six mètres et demi ou de près de vingt pieds.
Il seroit un peu moins long si la longueur de son museau excédoit
la proportion qu’elle a relativement au corps dans le gavial.
L ’individu dont les restes sont dans le bloc de l’Académie de Caen
étoit beaucoup moins grand.
En prenant la longueur des vertèbres dorsales et lombaires demeurées
dans ce morceau, et qui est de o,58, et la comparant à celle
des mêmes vertèbres dans un gavial, on trouve qu’il doit avoir eu
près de treize pieds. ■
La portion de tête de notre pl. V I I , fig. ï à 5, comparée avec les
parties correspondantes de celle du grand bloc de M. Lamouroux ,
ne semble annoncer qu’un individu-de moins de dix pieds; ce qui
me fait douter qu’elle ait appartenu au squelette de l’Académie.
Quoi qu’il en soit, on voit que ce crocodile de Caen, quelque
singuliers que soient ses caractères, n’excédoit point lés dimensions
de nos crocodiles actuels; mais il n’en est pas moins évident qu il
formoit une espèce parfaitement distincte de celles que nous connois-
sons vivantes.
II n’est pas aussi aisé de le distinguer du crocodile fossile de Mon-
heim ou crocodïlus priscus, décrit dans notre article precedent.
Il lui ressemble beaucoup par cette alternance de grandeur des
dents et par la dilatation de l’extrémité antérieure des deux mâchoires.
Toutefois la forme plus allongée, plus amincie en avant de sa mâchoire
supérieure, et celle de sa fosse temporale, plus large que
longue, tandis que dans le crocodile de Monhei m elle est plus longue
que large, nous paroissent l’en différencier suffisamment.
Crocodile semblable à celu i de Caen trouvé-dans le Jura.
Ou a vu au commencement de cet article que le crocodile de Caen
appartient à la série de formations nommée oolitique par les géolo-
gistes anglais; série que les géologistes allemands, d’après M. de
Humboldt, nomment calcaire du Jura. Il y en a des restes dans le
Jura même, et dans ses couches les plus compactes, les plus semblables
au marbre par leur dureté et le beau poli dont elles sont susceptibles,
et il y est accompagné de plusieurs espèces de tortues.
M. H u g i, professeur à Soleure, a bien voulu me communiquer
un grand nombre d’assemens incrustés dans des pierres que j’ai reconnues
au premier coup d’oeil pour appartenir à l’ordre des couches
dont je viens de parler. Je fus frappé par un fragment, pl. V I , fig. 6,
d’écaille, creusé de petites fossettes demi-sphériques, absolument
comme celles du crocodile de Caen. Des empreintes pareilles,
laissées par d’autres écailles, confirmèrent ce premier aperçu, et
l’examen des autres os ne me laissa point de doute sur l’identité de
l’espèce.