connus paraissent être ceux qui ont péri seulement lors de la dernière
révolution de la terre ; que leurs débris en remplissent les couches
les plus superficielles; que plusieurs d’entre eux y ont encore
laissé de leurs parties molles; qu’il y en a même que l’on a trouvés
conservés en entier par la glace qui les a saisis au moment de leur
destruction, et dont ils n’ont jamais été débarrassés depuis. Si l’on
remonte plus haut dans les âges, ou en d’autres termes si l’on pénètre
plus profondément dans les couches, on y découvre des mammifères
de genres moins connus ou même entièrement ignorés dans
Tétât de vie, tels que les palæothériums, les anoplothériums et les
lophiodons. Us appartiennent à des couches pierreuses, formées dans
l’eau douce il est vrai, mais que recouvrent d’autres couches également
pierreuses et d’orîgine évidemment marine. Avec ces êtres
singuliers se trouvent aussi quelques espèces des genres subsistans ,
mais.leur nombre est petit, et l’on voit qu’ elles sont loin d’avoir
formé le caractère de la population animale de ces époques reculées.
Encore avant elles, dans le calcaire grossier ou à cérithes, on ne
trouve plus que des mammifères marins, dauphins, phoques, lamantins
et autres de cette nature ; et au-delà il n’y a plus de vestiges de
mammifères j ou du moins il n’y en a plus qui soient hors de doute
quant à leur origine.
Je ne regarde pas, en effet,,comme des exceptions les anthraeo-
thériums et autres mammifères des Iignites, non plus que ceux des
schistes d’OEningen, par la raison que je suis loin d’avoir arrêté mes
idées sur la position de ces deux genres de couches, et que j’ai tout
lieu de croire que ces schistes et plusieurs des couches de Iignites. ne
sont pas d’une antiquité aussi grande qu’on le croit communément.
Dans tous les cas ces terrains, que l’on regarde comme les plus
anciens des tertiaires, seraient Tes premiers qui auraient enveloppé
des restes de mammifères ; et eu supposant exact ce que l’on dit du
petit nombre de lieux où ils offrent des débris de cette classe, ils feraient
seulement admettre une révolution de plus, c’est-à-dire l’existence
de terres habitées par des mammifères avant l’invasion de lu
mer dans laquelle s’es.t formé le calcaire à cérithes.
Quoiqu’il en soit, les crocodiles’ne donnent lieu à aucun doute de
cette nature : on les voit paroître dès les premiers terrains secondaires.
Les monitors des schistes cuivreux les précèdent seuls dans le
temps ; mais ils se montrent immédiatement après dans ce lias des
Anglais, ce banc bleu des Normands, ou dans cette marne calcaire
bleuâtre et pyriteuse, qui a tant d’analogie avec le schiste cuivreux.
Depuis lors jusqu’à l’avant-dernière époque, il en a subsisté toujours
quelques espèces, et en assez grande abondance. A ceux des divers
bancs de la formation du Jura succèdent ceux de la craie. Il y en
a au-dessus de la craie dans les Iignites d’Auteuil et de Mimet, et dans
les grès du comté de Kent. Au-dessus du calcaire à cérithes il s’en
trouve dans la marne d’eau douce d’Argenton, et dans les gypses à
ossemens des environs de Paris. Enfin il y en auroit même dans les
couches meubles et superficielles, où sont enfouis tant de cadavres
déléphans et d’autres grands quadrupèdes, si du moins le petit
nombre de fragmens recueillis à Brentfort n’y avoient point été apportés
d’ailleurs.
On doit avouer néanmoins qu’ils sont extrêmement rares dans ces-
derniers dépôts. Je n’en ai vu ni dans ces immenses collections d’os
de toute taille faites dans le val d’Arno, ni dans celles d’Allemagne,
ni dans aucun de nos dépôts de France ; ce qui doit paroître d’autant
plus extraordinaire, que les crocodiles vivent aujourd’hui dans la
zone torride avec les éléphans, les hippopotames et tous les autres
genres qui ont fourni ces os. On vient seulement de m’assurer qu’il
s’en est trouvé récemment quelques-uns dans les couches meubles dir
val d’Arno.