Le troisième, dit banc-bleu, composé d’une marne bleuâtre très-
dure, et souvent pyriteuse, est d’une grande étendue, et forme
les falaises qui sont derrière les Vaches noires. C’est dans ce banc
bleu que l’on auroit trouvé les ossemens de crocodile de Honfleur.
Il contient beaucoup de gryphites, d’ammonites, de nautiles, d’huîtres,
de térébratules, des ossemens, des enerinites, du bois fossile.
Au-dessous de ce banc bleu est le calcaire oolithique qui occupe
un très-grand espace dans le département, et fournit presque toute
la pierre à chaux du pays. Ses bancs sont horizontaux, de différente
épaisseur, séparés par de la glaise. Us contiennent des oolithes, des
bélemnites, des nautiles, des térébratules, des enerinites étoilées.
M. de Magneville y a trouvé un poisson qui me paroît le même que
le dapedium politum retiré du lias de Lyme-regis, côte du comté
de Dorset, par M. de Labèche (i). Ses lits inférieurs sont très-minces
et contiennent des cailloux siliceux roulés.
Il repose enfin sur le grès rouge, ou todte-liegende des Allemands,
avec les schistes, les diabases et les marbres qui lui sont subordonnés.
Plus récemment M. H. T . de Labèche, savant géologiste anglais,
a donné (dans les Mérti. de la S ociété géologique de Londres, 1.1
de la secondé série, p. 73) une description et une énumération
beaucoup plus détaillée des bancs de cette partie de la France,
qu’il a suivis depuis Fécamp jusqu’à Cherbourg, et dont il a fait une
comparaison soignée avec,ceux de son pays.
Au-dessous de la craie et du sable vert et ferrugineux qui lui sert
de base est un banc de marne blêue qui commence à se montrer au
Havre, et s’élève davantage de l’autre côté de la Seine, à Henque-
•ville, entre Honfleur et les Vaches noires. C’est dans ce banc que l’on
a trouvé, près du Havre, des os de crocodile.
Sous ce banc reposent des vestiges du calcaire de Portland, et au-
dessous , un banc madréporiquè, celui qu’on nomme en Angleterre
coral rag. C’ est sous ce dernier que se trouvent des bancs souvent
épais de trois cents pieds d’une autre marne bleue analogue à celle 1
(1) T r a n s , o f f i le g e o lo g ic a l S o c . , II. series , to I. I , part. I , pi. VI.
d’Oxford, qui forme les Vaches noires,, et où.l’on a déterré les crocodiles
que nous décrirons dans l’article .suivant, et l’espèce de reptile,
que M. Conybeare a nomméeplesiosaums. Entre celte marne et la,
pierre de Caen, il y auroit encore deux bancs analogues à ceux que
l’on nomme en Angleterre cqrnbrash et fo r est niarhlç • ce dernier
seroit le banc rempli de coraux dont parle M. do Magneville, et sous,
lequelseulemept.se trouve la pierre de Caen • après elle viendroit
encoré un banc d’oolilhe, et enfin pe dernier banc de pierre marneuse
bleue, seul analogue du lia» d’Angleterre qui, repose,sur lé
grès rouge. M. de Labèche a lieu de croire que ce. . ZZ«,? de France,
contient des os d'iclityosaurus comme, celui d'Angleterre.
De cette manière de voir, qui établit trois bancs, distincts de.
.marne bleue, il résultèrent une grande; i nt en' e rsio n\ d ans l’âge respectif
de nos .différons crocodiles pcelui.du présent article seroit plus,
ancien que ceux de l’article suivapt, tandis que, d’après l’énumération
faite par M. de Magneville, il seroit plus.nouvéau.
M.,Prévost, qui a fait aussi un examen très-soigné, des côtes depuis
Calais jusqu’à Cherbourg, s’accorde jusqu’à un,.certain point
-avec. Mode Labèche. D’après .le tableau de s.es observations sur le
même pays., tel que le donne M- de Humboldt dans son E ssa i sur le
gisement des lio ç k e s, p. 2.80,, les,couches supérieures seroiept les,
argiles de couleur bleuâtre des environs,du Havre, avec lignites; ensuite
viendroit le calcaire de Caen, dont les, couches supérieures,
renferment des,.polypiers, des trigpnies.et des,-pérîtes,,.,et, les, inférieures,
des, os de crocodile; sous ce calcaire seraient les argiles bleues
inférieures, et .le.s:0,olithes.,alter.nant avec-du lias,/contenant les ich—
tyosaurus, et le tout reposèrent sur le calcaire,,à gryphées et le. calcaire
lithographique, qui,ne seroit pas sans doute le même que,celui
de Solerihofen.
Ce qui demeure cependant incontestable, c’ëst que ce crocodile de.
Caen, ainsi que celui de Monheim, ceux de Honfleur, et plusieurs
de ceux dont nous parlerons dans les articles suivans,’ appartient à ce
grand ensemble de bancs que les géologistes. sont convenus d’appeler
laform ation du Ju ra, et qui tient une sorte de rang mitoyen parmi
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