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meme carrière. Déposée dans le cabinet de Zoller, elle fut représentée
assez mal pour la première fois dans l’ouvrage de Knorr,
t. i , pl. 34. Andreæ en donna, dans ses Lettres sur la Suisse, pi. 16,
une figure meilleure, que nous avons fait copier en petit dans notre
pi. X IV , fig: 4-
Ceux qui ont cherche à en déterminer l’espèce l’ont prise pour
une emyde commune d eau douce ( testudo europcea). C’est ainsi
que la nomme Andreæ, en ne manquant pas d’observer qu’il y avoit
autrefois de ces animaux dans les»lacs de la Suisse 5 comme si la
formation des montagnes d ardoise pouvoit avoir rien de commun
avec les lac§ actuels de la Suisse.
Pour moi, je ne doute pas que:ce ne soit une tortue dernier, et
j’en tire la preuve de l’allongement f'et surtout de l’allongement inégal
de ses doigts. DanS'les tortues d’eau douce, les doigts sont de
longueur médiocre et à peu près-égaux ; dans celles de terre', ils sont
à peu près égaux et tous très-courts; dans les tortues de mer ils‘sont
fort allongés, et ceux de devant forment une nageoire pointue, parce
qu’ils vont en croissant du pouce au médius, et ensuite en décroissant,
Or, c’est précisément ce qu’on observe dans la tortue de Glaris;
mais elle est du reste trop mal conservée pour que l’on en détermine
l’espèce, ou même pour que l’on puisse dire si c’est ou non une espèce
connue, quoique la forme arrondie de sa carapace en arrière ne
le rende pas vraisemblable.
A r t i c l e IV.
Des Tortues terrestres.
§ 1 . Tortues des environs d’A ix.
.Elles ont été représentées en 1780 par feu Lamanon, dans le
Journal de Physique, t. X V I , p. 868, pl. III , mais les figures en
sont si imparfaites, qu’à peine peut-on y reconnoître le genre; et
toutefois, si ce sont des tortues, comme nous sommes à la fin obligés
de le croire, leur carapace est trop bombée pour qu’elles soient
autre chose que des tortues de terre. !
On les avoit prises d’abord pour des têtes humaines; Guettard
imagina que c’étoientdes nautiles; Lamanon fut le premier qui les
reconnut pour ce qu’elles sont. Nous donnons des copies des figures
de cet auteur pl. XIII, fig. 9, 10 et 11.
Il paroît, d’après les termes de Lamanon, que ce sont des noyaux
qu’il a décrits. « Toutes les lames et sutures ne paroissent dans la
» tortue pétrifiée qu’après avoir enlevé, ce qui reste de l’écaille.
i> — La matière du rocher étant encore molle a pris la place de l’a-
» nimal, et formé un noyau sur lequel on distingue parfaitement
» toutes les-parties deTécaille. » Du rested’auleur décrit assez bien
les sutures, quoiqu’il faille quelques commentaires pour l’entendre.
c< I l y a huit lames de chaque-côté (des- côtes»),ƒ elles sont très-
» recourbées, et aboutissent à de petites pièces qui sont rangées
»■ longitudinalement (les plaques'vertébrales-),, et séparées par un
» sillon assez profond. » ( C’est que la saillie des corps des vertèbres
s’étoit imprimée en creux sur le noyau. )
Lamanon donne ensuite un caractère qui s,e joint à la grande convexité
pour prouver qu’il s’agit de tortues terrestres.
« ~—a Les lames ne sont pas de la même largeur dans toute leur
» longueur: elles vont en se rétrécissant, et s’emboîtent les unes
» dans les autres, de façon qu’après une base vient un sommet, et
»- ainsi de suite. » C’est précisément ce que nous avons observé ci-
dessus dans le squelette de la carapace des tortues de terre.
La-hauteur de ces tests étoit de sept pouces sur une largeur de
six ; convexité aussi grande qu’il y en ait dans aucune tortue de terre.
On les trouva, selon Lamanon, en 1779, à quatre ou cinq cents
toises d’Aix, dans an rocher calcaréo-gypseux, mêlé de grains de
quarz roulé, situé au pied de la petite montagne dans laquelle sont
creusées les plàtrières de cette ville, le long du chemin d’Avignon,
et il est très-probable que la couche qui les contenoit appartient à
la même formation que celles que l’on exploite pour en tirer le plâtre,
et où l’on trouve de nombreux poissons et des feuilles de palmiers.